Faouzi
Bensaïdi filme l’hors jeu
Finalement
le Maroc ne sera pas totalement absent du mondial brésilien de juin prochain.
Et ce sera grâce au cinéma ; grâce en particulier à Faouzi Bensaïdi.
L’auteur du mythique Mille mois et dernièrement de Mort à vendre a été, en
effet, sollicité, avec une trentaine de
cinéastes dans le monde, à contribuer à
une commande de la FIFA consistant à réaliser un court métrage de cinq minutes autour
de la thématique du football. La trentaine de films ainsi obtenus seront
diffusés via la télévision pendant le déroulement de la coupe du monde.
« C’est une commande à laquelle je n’ai pas hésité à répondre ayant
été séduit et intéressé par l’idée. » Il s’inscrit ainsi dans la logique
qui marque sa brillante carrière aussi bien en tant que cinéaste qu’en tant que
homme de théâtre qu’il a été à l’origine. Tous ses films obéissent à une
volonté « d’expérimenter » de nouvelles pistes et de refuser de
s’enfermer dans les sentiers battus. « Je
n’ai pas peur de la commande, nous dit-il. Quand on a un monde intérieur, une
vie intérieure…ils arrivent toujours à transpercer et à traverser la commande
d’une manière volontaire ou involontaire…nous ne regardons le monde qu’à
travers une vision et cette vision s’impose d’elle-même. D’autre part, cette
idée de la contrainte est toujours source de la création. Ma pensée profonde
c’est que si la contrainte n’est pas là, peut-être même qu’il faut
l’inventer…les cinéastes, et l’histoire du cinéma en témoigne, qui ont eu
beaucoup de moyens pour certains de leurs projets les ont finalement ratés.
Alors que lorsque ils ont travaillé dans la douleur et la contrainte, ils ont
donné des chefs-d’œuvre ».
Cet
exercice autour du football en tant que sujet peut être compris dans ce sens. D’autant plus
que le canevas est très ouvert nous dit Faouzi Bensaïdi dans une déclaration à
Albayane. Il s’agit de partir de l’une des règles du football (le pénalty, le
corner…) pour proposer une fiction. Chacun des 31 cinéastes étant libres de lui donner la forme et le contenu qu’il
souhaite. « Mon film s’intitule Outsiders ; il s’inspire de la
fameuse règle, très controversée par ailleurs,
de l’hors jeu ; je m’y suis retrouvé ; me considérant un peu
et tout le temps hors jeu, comme d’ailleurs la plupart de mes personnages qui
sont toujours en déphasage par rapport à
un système. Mes films sont peuplés de
marginaux. J’ai ainsi, dans une sorte de clin d’œil, mobilisé pour ce court
métrage, les comédiens qui ont joué dans Mort à vendre : Fahd Benchemsi,
Mohcine Malzi et Fouad Labied ». Dans le film, ils incarnent des marginaux
emblématiques de tout un cinéma : « J’ai inventé une histoire pour
eux ; pour des garçons vivant de petits trafics ; ils sont en fait
hors jeu…on les voit dans le film voler des ballons ; ils ne sont pas dans
le jeu ; ce sont des
outsiders ».
Interrogé
sur son rapport au football, Faouzi Bensaïdi nous dit qu’il y a deux phases
dans sa vie : l’une, celle de l’enfance et du début de la jeunesse, était
dédiée au football et la suivante au cinéma. « J’ai beaucoup joué au
football dans le cadre des équipes de quartiers et des compétitions
locales. J’étais capitaine de l’équipe de mon quartier et je jouais comme
milieu de terrain offensif (un numéro 8 de l’époque) ; je n’étais pas
particulièrement bon ; mais j’aimais orienter, diriger les autres joueurs ;
j’étais entraineur, en fait c’était moi qui m’occupait de la logistique».
Metteur en scène déjà en quelque sorte. Sur le joueur qui l’avait marqué, le
meknassi n’a pas hésité une seconde « Feu Aziz Daidi, bien sûr. ».
Un bel hommage à l’élégant et regrette numéro
10 du CODM de la belle époque. Sur le plan international Faouzi Bensaïdi
cite Maradona : « un grand joueur certes, mais j’ai aussi beaucoup d’affection pour le
personnage, son parcours atypique. »
Faouzi
Bensaïdi qui avait signé avec son premier film, La falaise, le court métrage le
plus titré de la filmographie marocaine, soulève une autre dimension pour ce
projet ; c’est que le court métrage, format « marginalisé » par
les grands circuits commerciaux va bénéficier de l’impact de la coupe de monde,
l’événement le plus médiatisé de la planète.
Mohammed Bakrim
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