mardi 31 mars 2009

ABDELLAH LAROUI

Je viens de rentrer des Rhamna où une ONG consacrée au développement local a organisé un moussem culturel où le volet cinéma a comporté une très belle programmation dédiée au cinéma palestinien et dont l'une des séquences majeures a été l'hommage rendu au professeur Abdellah Laroui, spécialiste de l'histoire, romancier, écrivain, intellectuel engagé…à sa manière. M. Abdellah Laroui n'a pas jugé utile de faire le déplacement à Benguerir, capitale du pays des Rhamana. Il fit donc l'événement deux fois. D'abord parce que l'idée de l'hommage a été saluée par de nombreux observateurs de la chose intellectuelle au Maroc. C'est un geste fort symbolique et le nombre de professeurs et de chercheurs qui ont pris part aux différentes rencontres organisées autour de cet hommage dénote de la place centrale qu'occupe la production intellectuelle et romanesque de Laroui au sein de notre paysage culturel. Son absence créa aussi l'événement dans la mesure où elle donna lieu à moult commentaires et a fait la Une des journaux du week end. Une absence qui donna lieu aussi à des récupérations parfois bassement politicienne, voire tout simplement électoraliste. D'ailleurs, toute cette manifestation sentait la campagne électorale précoce et un candidat potentiel mais déjà en poste dans une instance de la ville a cru bon de monter sur ses quatre chevaux pour voler au secours de "la dignité de sa région bafouée" semble-t-il par cette absence…c'est un peu trop tirer sur la corde…avant l'heure. Et cette frénésie ne pouvait que justifier a posteriori l'excuse de M. Laroui qui est resté en quelque sorte fidèle à sa démarche intellectuelle depuis des décennies: ne pas trop se mêler de la politique politicienne et s'offrir une distance qui favorise un dialogue avec les pratiques dans leur historicité. Bref, respecter le statut de la pensée qui ne peut progresser dans le tumulte, la confusion des genres et le flou des programmes…certaines interventions ont compris ce choix et ont été inscrite autant que possible se peut dans le prolongement d'une réflexion qui interpelle le champ politique et intellectuel depuis les années soixante. Le drame de notre projet de développement est que la pensée de Laroui n'a pas été comprise ou carrément mal comprise ou plus grave encore, ignorée. Certains lui ont reproché un silence épisodique lourd de signification. Ils oublient qu'il avait déjà parlé et qu'il n'aime pas la redite. On dit souvent le style c'est l'homme. Dans le cas de M. Laroui c'est aussi vrai dans l'autre sens; il est à l'image de son style. Sobre, dépouillé de surcharge rhétorique et s'offrant à son récepteur dans la durée et la progression de raisonnement; tout le contraire du fast thinking; du prêt à penser qui modèle les décideurs en vogue. M. Laroui c'est aussi un grand cinéphile qui a accompagné l'âge d'or de l'activité des ciné-clubs et le cinéma traverse sa production romanesque comme référent culturel ou comme mode de production de discours. Ses phrases sont à l'image du cinéma qu'il aime, le bon cinéma asiatique, fait de distance et de discrétion. A lire et à relire…c'est tonique par les temps qui courent.

Cinéma marocain en 2009

Des chiffres prometteurs
Le cinéma marocain entame une nouvelle année prometteuse de sa jeune histoire notamment en termes de box office. Pendant longtemps parler de ce cinéma en langage de chiffres et de statistique était un luxe inespéré. Voilà qu’aujourd’hui, ce cinéma bouscule les schémas établis et se permet même de jouer parmi les grands qui ont l’habitude d’occuper les premières places du tableau. On sait qu’en 2008 par exemple, le cinéma marocain s’est hissé pour la première fois de son histoire à la deuxième place du box office par nationalité loin devant l’Inde et l’Egypte et derrière les USA. Déjà au niveau du classement du box office par film, cela fait maintenant plusieurs années que deux, trois voire quatre films marocains parviennent à arriver en tête.
Pour 2009, les premiers chiffres avancés par le Centre Cinématographique Marocain, annoncent une année exceptionnelle. Rien que pour ce premier trimestre, les chiffres réalisés par les films marocain, sortis jusqu’à la mi-mars, dépassent de loin ceux réalisés par l’ensemble des films sortis en 2008 ; comme ils en dépassé les chiffres de 2007. si la moyenne de fréquentation des salles programmant des films marocains pur ces dernières années tournait atour de 300 000 entrées, les chiffres dont nous disposons pour 2009 avoisinent le demi million. Près de 500 000 spectateurs se sont déplaces en ce début d’années pour voir des filmas marocains. C’est un nouveau record qui va tirer vers le haut l’ensemble de la fréquentation des salles de cinéma qui se situe aujourd’hui autour des 4 millions d’entrées. Bien sûr ; derrière cette avancée extraordinaire, il y a le phénomène Casanegra qui a draine à lui tout seul près de 250 000 entrées. Il est suivi par Amours voiles avec 150 000 spectateurs sachant que ce film est encore à l’affiche alors que le film de Lakhmari opère une pause en attendant de revenir sur des salles non encore touchées. Autre film à succès alors qu’il en est encore à ses débuts est Ex-chemkar avec près de 60 000 entrées en trois semaines même s’il n’est pas sorti sur les écrans des multiplexes. Two lakes of tears se comporte également honorablement alors qu’il se situe sur autre registre celui du cinéma d’auteur à dimension cinéphilique.
Il faut rappeler, à ce propos, que le parc des salles est aujourd’hui le principal obstacle au succès public des films marocains. Avec une autre carte de salles, un film comme Casanegra atteindrait facilement le million d’entrées. Des villes entières ne sont plus touchées et des quartiers gigantesques des grandes villes n’ont plus de salles de cinéma.
Ce regain d’intérêt populaire pour le cinéma, dans un contexte difficile (crise économique, matraquage idéologique des conservateurs…), est un bon signe pour l’avenir. Il est susceptible d’enclencher une autre dynamique qui toucherait cette fois le secteur de l’exploitation.

cinéma marocain

Le cinéma marocain entame une nouvelle année prometteuse de sa jeune histoire notamment en termes de box office. Pendant longtemps parler de ce cinéma en langage de chiffres et de statistique était un luxe inespéré. Voilà qu’aujourd’hui, ce cinéma bouscule les schémas établis et se permet même de jouer parmi les grands qui ont l’habitude d’occuper les premières places du tableau. On sait qu’en 2008 par exemple, le cinéma marocain s’est hissé pour la première fois de son histoire à la deuxième place du box office par nationalité loin devant l’Inde et l’Egypte et derrière les USA. Déjà au niveau du classement du box office par film, cela fait maintenant plusieurs années que deux, trois voire quatre films marocains parviennent à arriver en tête.
Pour 2009, les premiers chiffres avancés par le Centre Cinématographique Marocain, annoncent une année exceptionnelle. Rien que pour ce premier trimestre, les chiffres réalisés par les films marocain, sortis jusqu’à la mi-mars, dépassent de loin ceux réalisés par l’ensemble des films sortis en 2008 ; comme ils en dépassé les chiffres de 2007. si la moyenne de fréquentation des salles programmant des films marocains pur ces dernières années tournait atour de 300 000 entrées, les chiffres dont nous disposons pour 2009 avoisinent le demi million. Près de 500 000 spectateurs se sont déplaces en ce début d’années pour voir des filmas marocains. C’est un nouveau record qui va tirer vers le haut l’ensemble de la fréquentation des salles de cinéma qui se situe aujourd’hui autour des 4 millions d’entrées. Bien sûr ; derrière cette avancée extraordinaire, il y a le phénomène Casanegra qui a draine à lui tout seul près de 250 000 entrées. Il est suivi par Amours voiles avec 150 000 spectateurs sachant que ce film est encore à l’affiche alors que le film de Lakhmari opère une pause en attendant de revenir sur des salles non encore touchées. Autre film à succès alors qu’il en est encore à ses débuts est Ex-chemkar avec près de 60 000 entrées en trois semaines même s’il n’est pas sorti sur les écrans des multiplexes. Two lakes of tears se comporte également honorablement alors qu’il se situe sur autre registre celui du cinéma d’auteur à dimension cinéphilique.
Il faut rappeler, à ce propos, que le parc des salles est aujourd’hui le principal obstacle au succès public des films marocains. Avec une autre carte de salles, un film comme Casanegra atteindrait facilement le million d’entrées. Des villes entières ne sont plus touchées et des quartiers gigantesques des grandes villes n’ont plus de salles de cinéma.
Ce regain d’intérêt populaire pour le cinéma, dans un contexte difficile (crise économique, matraquage idéologique des conservateurs…), est un bon signe pour l’avenir. Il est susceptible d’enclencher une autre dynamique qui toucherait cette fois le secteur de l’exploitation.

lundi 16 mars 2009

adieu khatibi

le capteur de signes

Abdelkébir Khatibi n’est plus. Il est décédé hier à Rabat à l’âge de 71 ans. On le savait malade ; début février il bénéficia de la haute sollicitude royale pour avoir les soins adéquats. On comptait aussi, pour dépasser cet épisode, sur son esprit de résistance à l’image du « lutteur de classes à la manière taôiste » ; mais son grand cœur a fini par céder pour ouvrir la voie au repos du guerrier : Khatibi fut en effet un infatigable travailleur. Serein, discret mais toujours profond, pertinent, élégant et perspicace. Comment le définir ? Sociologue ? Chercheur ? Romancier ? Poète ? Critique d’art ?...Tout cela est un peu plus. Il était en fait un intellectuel dans le sens qu’il nous avait précisé dans un entretien, à savoir l’intellectuel perçu comme le capteur des signes. Et Khatibi en fut un au sens fort et noble du mot. Il était à l’écoute des signes, attentif aux vibrations des ondes…il était un sismographe en état de veille permanent, au diapason de l’esprit du temps. Il était un grand amoureux de signes. Il aimait à sa manière : il nous apprenait par exemple à aimer notre pays mais toujours d’un amour critique. Sur cette voie, il forgea –le mot n’est pas approprié- il sculpta plutôt un joli concept, L’AIMANCE. L’aimance, c’est le paradigme fondateur de la pensée khatibienne ; la clé d’une œuvre en perpétuel mouvement transcendant les genres et les frontières académiques.
Et pourtant tout avait commencé sous le signe d’une appartenance affichée à la science des sciences, la sociologie. Comme un bon enfant de son siècle, Khatibi choisit la voie des sciences sociales. Il était né à Eljadida en 1938. La Deauville du Maroc. Il rejoint Paris pour poursuivre ses études supérieures à La Sorbonne. Sa thèse de recherche en dit déjà long sur sa démarche future : elle portait en effet sur le roman maghrébin. Non seulement elle devint vite l’ouvrage de référence en la matière, c’était notre bible quand, jeunes étudiants, nous débarquions à Rabat début des années 70, mais elle indiquait aussi la méthodologie de Khatibi chercheur : une société ne s’appréhende pas seulement à travers des statistiques et des courbes. La fiction pouvait aussi servir à l’intelligence du monde. La mémoire tatouée, son premier roman en est la parfaite illustration. La narration romanesque comme prolongement de la réflexion sociale par d’autres moyens. C’est toute une carrière qui se décline ainsi : des ouvrages pointus sur la sémiologie des formes symboliques dominantes allant de l’art graphique, au tapis… à la « blessure du nom propre », ou encore des ouvrages de réflexion politique (le Maghreb…) alternant avec des pauses littéraires où Khatibi voyage dans le temps, dans des récits historiques ou dans l’espace pour cerner les errances du cœur et du regard du côté, par exemple, de Stockholm…Khatibi ne cachait pas sa fascination pour les civilisations de la distance et du repli sur soi : l’Asie, le Japon en particulier, et les pays scandinaves. Car l’altérité est un autre fondement de sa démarche, l’autre comme horizon de pensée, comme destin inscrit dans le quotidien. Au total, une ouvre plurielle, diversifiée, tonique pour le cœur et l’esprit, qui est en fait « le même livre », celui d’un homme moderne, tolérant, ouvert ; celui d’une voix qui nous manque déjà. Adieu cher ami et cher
maître.

dimanche 8 mars 2009

sanae mouziane consacrée à ouaga




Le Palmarès du Festival Panafricain de Ouagadougou


C'est une cérémonie inédite et originale qui vient clore la 21ème édition du Fespaco organisée à Ouagadougou (Burkina Faso) du 28 février au 8 mars. Originale par le lieu même qui l'abrite; elle se déroule en effet dans le plus grand stade de la ville, le mythique stade du 4 août et c'était sous un soleil de plomb et une chaleur torride (40°), la cérémonie ayant débuté à 16h. Le cérémonial rappelle les arènes antiques avec en ouverture des jeux physiques et des acrobaties. Au total, cela a duré près de quatre heures, le Palmarès lui-même comprenant une trentaine de récompenses.
Le Maroc est sorti avec les honneurs tout en sachant qu'un verdict de jury est toujours relatif, étant déterminé souvent par plusieurs facteurs dont certains sont franchement extra cinématographiques. La gracieuse Sanae Mouziane, héroïne du film Les jardins de Samira a décroché le prix de la meilleure interprétation féminine. Une autre marocaine a été à l'honneur, Leila Kilani qui a obtenu le Prix du meilleur documentaire pour son film Nos lieux interdits dont le sujet est consacré aux audiences justice et réconciliation pour les victimes des années de plomb; la récompense est un hommage aux qualités du film mais aussi à cet épisode important de l'histoire contemporaine du Maroc. Des membres du jury documentaire nous ont affirmé que leur choix a été fait d'emblée au sein d'une sélection où les films politiques ont été dominants. Un autre heureux à Ouaga, Mohammed Ismael dont le film Adieu mères a obtenu deux récompenses importantes, les prix du meilleur décor et celui de la meilleure musique signée Kamel Kamel. Au niveau du court métrage, La jeune femme et l'instit de Mohamed Nadif a obtenu une mention spéciale du jury. A signaler que le Prix du meilleur court métrage a été décerné au film Ils se sont tus de Khalid Benaissa qui est en partie marocain, le jeune réalisateur a tenu d'ailleurs à remercier le Centre Cinématographique Marocain pour sa contribution au développement du film. C'est le cas d'un autre film, le long métrage Absence de Mama Keita, prix du meilleur scénario et qui a bénéficié du soutien du CCM.
Au niveau du triangle des Yenenga, le bronze est allé au film franco-algérien Mascarades de Lyes Salem, l'argent, prix spécial du jury au film Nothing but the truth du sud africain John Kani. L'or, le grand prix du Fespaco a été décerné au film Teza de l'Ethiopienne résidant aux USA Haile Germina. Dans une première lecture, on peut dire que le palmarès du jury présidé par Gaston Kaboré est d'une facture académique, ayant consacré davantage les films portés par une écriture "lisible" au premier degré, mettant en avant des événements forts de l'actualité africaine: devoir de mémoire pour le film sud-africain, le retour sur les années socialistes de l'Ethiopie post Haile Silassé. Un palmarès finalement très politique à l'air dominant.

Albachado de Hassan Aourid

  L’intellectuel et le pouvoir ou la déception permanente ·          Mohammed Bakrim «  Avant d’être une histoire, le roman est une in...