lundi 26 mai 2014

cinéma d'auteur, le grand vainqueur

Cannes 2014



Une femme cinéaste à la tête du jury de Cannes ouvrait sur de nombreuses hypothèses, notamment autour de la question de «  genre », mais Jane Campion est restée dans le genre au sens générique du mot, propre à l’esthétique et à la mise en scène. La cinéaste new-zélandaise, auteure du très beau La leçon de piano et de l’inoubliable Bright star, a concocté, avec ses collègues du jury,  un palmarès aux résonnances cinéphiliques indéniables. Vu d’ici et en attendant, confirmation en visionnant les films, on peut dire que le cinéma d’auteur est sorti vainqueur de cette 67ème édition cannoise. Le triomphe de Soleil d’hiver de Nuri Bilge Ceylan vient confirmer une constante et une courbe ascendante chez l’un des cinéastes les plus doués de ces dernières années. C’est une Palme qui vient aussi conforter le cinéma de l’image contre celui du scénario (on schématise pour les besoins de l’expression). Nuri Bilgé Ceylan est un auteur qui croit en ses outils. Son cinéma très dramatique (le couple, l’incommunicabilité, la solitude existentielle) est porté par un travail plastique au niveau de l’image. Privilégiant les grands espaces enneigées de sa belle Anatolie, les scènes à ciel ouvert se révèlent finalement et très vite de véritables huis clos.
Né en 1959, Nuri Bigle Ceylan a une formation scientifique avant d’entamer des études de cinéma à Istanbul. Très cinéphile, c’est un grand adepte de Bergman (on retrouve cette tendance chez lui dans la construction des caractères, la psychologie des personnages) et d’Ozu (repérable dans l’économie des mouvements d’appareil et le soin accordé à la construction des plans). Auteur complet : il écrit lui-même, réalise, monte et supervise la production. Soleil d’hiver et son septième long métrage. Il était déjà venu au Maroc qu’il connaît très bien ; et les cinéphiles marocains l’ont découvert très tôt notamment avec ses deux premiers  films, Kasaba et Uzak à Tétouan notamment…Les autres films ont été vus à Rabat et Marrakech. Très ému par la Palme d’or, même si c’est un habitué de la Croisette où il repartait avec des prix de reconnaissance artistique (comme le prix de la mise en scène). Là, c’est la consécration suprême qu’il ‘a pas hésité à dédier « aux cent ans du cinéma turc et à la jeunesse turque !). 
Cinéma d’auteur toujours, y compris dans sa version radicale avec le prix du jury ex aequo accordé à J.L.Godard pour son Adieu au langage et au canadien Xavier Dolan. C’est aussi la récompense du vétéran, JLG a 84 ans et Dolan en a 25 !!!
Signalons que cette édition sera la dernière à être présidée par Gilles Jacob, poste qu’il occupe depuis 1999 et après avoir été Délégué général du festival pendant 22 ans.
Mohammed Bakrim


Encadré
-Palme d'or : Winter Sleep, du Turc Nuri Bilge Ceylan
- Grand Prix : Le Meraviglie, de l'Italienne Alice Rohrwacher
- Prix d'interprétation féminine : l'Américaine Julianne Moore, pour son rôle dans Maps to the Stars, du Canadien David Cronenberg
- Prix d'interprétation masculine : le Britannique Timothy Spall, pour son rôle dans Mr. Turner, du Britannique Mike Leigh
- Prix de la mise de scène : l'Américain Bennett Miller pour Foxcatcher
- Prix du scénario : les Russes Andreï Zviaguintsev et Oleg Negin pour Leviathan
- Prix du jury ex æquo : Mommy, du Québécois Xavier Dolan et Adieu au langage, du Suisse Jean-Luc Godard
- Caméra d'or : Party Girl, des Français Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis

- Palme d'or du court-métrage : Leidi, du Colombien Simon Mesa Soto

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