Cannes 2014
Une
femme cinéaste à la tête du jury de Cannes ouvrait sur de nombreuses hypothèses,
notamment autour de la question de « genre », mais Jane Campion
est restée dans le genre au sens générique du mot, propre à l’esthétique et à
la mise en scène. La cinéaste new-zélandaise, auteure du très beau La leçon de
piano et de l’inoubliable Bright star, a concocté, avec ses collègues du jury, un palmarès aux résonnances cinéphiliques
indéniables. Vu d’ici et en attendant, confirmation en visionnant les films, on
peut dire que le cinéma d’auteur est sorti vainqueur de cette 67ème
édition cannoise. Le triomphe de Soleil d’hiver de Nuri Bilge Ceylan vient
confirmer une constante et une courbe ascendante chez l’un des cinéastes les
plus doués de ces dernières années. C’est une Palme qui vient aussi conforter
le cinéma de l’image contre celui du scénario (on schématise pour les besoins
de l’expression). Nuri Bilgé Ceylan est un auteur qui croit en ses outils. Son
cinéma très dramatique (le couple, l’incommunicabilité, la solitude
existentielle) est porté par un travail plastique au niveau de l’image.
Privilégiant les grands espaces enneigées de sa belle Anatolie, les scènes à
ciel ouvert se révèlent finalement et très vite de véritables huis clos.
Né
en 1959, Nuri Bigle Ceylan a une formation scientifique avant d’entamer des
études de cinéma à Istanbul. Très cinéphile, c’est un grand adepte de Bergman
(on retrouve cette tendance chez lui dans la construction des caractères, la
psychologie des personnages) et d’Ozu (repérable dans l’économie des mouvements
d’appareil et le soin accordé à la construction des plans). Auteur
complet : il écrit lui-même, réalise, monte et supervise la production.
Soleil d’hiver et son septième long métrage. Il était déjà venu au Maroc qu’il
connaît très bien ; et les cinéphiles marocains l’ont découvert très tôt
notamment avec ses deux premiers films,
Kasaba et Uzak à Tétouan notamment…Les autres films ont été vus à Rabat et
Marrakech. Très ému par la Palme d’or, même si c’est un habitué de la Croisette
où il repartait avec des prix de reconnaissance artistique (comme le prix de la
mise en scène). Là, c’est la consécration suprême qu’il ‘a pas hésité à dédier
« aux cent ans du cinéma turc et à la jeunesse turque !).
Cinéma
d’auteur toujours, y compris dans sa version radicale avec le prix du jury ex
aequo accordé à J.L.Godard pour son Adieu au langage et au canadien Xavier
Dolan. C’est aussi la récompense du vétéran, JLG a 84 ans et Dolan en a
25 !!!
Signalons
que cette édition sera la dernière à être présidée par Gilles Jacob, poste
qu’il occupe depuis 1999 et après avoir été Délégué général du festival pendant
22 ans.
Mohammed Bakrim
Encadré
-Palme
d'or : Winter Sleep, du Turc Nuri Bilge Ceylan
-
Grand Prix : Le Meraviglie, de l'Italienne Alice Rohrwacher
-
Prix d'interprétation féminine : l'Américaine Julianne Moore, pour son
rôle dans Maps to the Stars, du Canadien David Cronenberg
-
Prix d'interprétation masculine : le Britannique Timothy Spall, pour son
rôle dans Mr. Turner, du Britannique Mike Leigh
-
Prix de la mise de scène : l'Américain Bennett Miller pour Foxcatcher
-
Prix du scénario : les Russes Andreï Zviaguintsev et Oleg Negin pour
Leviathan
-
Prix du jury ex æquo : Mommy, du Québécois Xavier Dolan et Adieu au
langage, du Suisse Jean-Luc Godard
-
Caméra d'or : Party Girl, des Français Marie Amachoukeli, Claire Burger
et Samuel Theis
-
Palme d'or du court-métrage : Leidi, du Colombien Simon Mesa Soto
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