samedi 19 décembre 2015

ayouch, lakhmari...naissance d'une vague

Il y a 20 ans, Ayouch, Lakhmari...débarquent à Tanger

Décembre 1995, naissance d’une vague

Ce fut l’une des éditions les plus mémorables  du festival national du film ; la quatrième, celle qui s’est tenue à Tanger, il y a vingt ans, presque jour pour jour, du 2 au 9 décembre 1995. C’était le temps où le festival était encore nomade, circulant de ville en ville, proposant, à l’image de ces marchands ambulants des récits de mille et une nuits, son lot de films récoltés entre deux éditions. Les années 90, avaient commencé sous de bons auspices avec des succès foudroyants de films marocains au box office avec notamment Un amour à Casablanca de Abdelkader Lagtaâ et A la recherche du mari de ma femme de M. Tazi.
Arrivé à Tanger, le festival avait commencé à tenter une périodicité rapprochée : la troisième était organisée à Meknès en 1991, près de sept ans après la deuxième (Casablanca, 1984). C’était donc un moment euphorique pour la profession d’avoir pu réussir un nouveau rendez-vous dans des délais corrects. Le festival n’est pas né annuel, faut-il le rappeler aux amnésiques qui tentent de réinventer l’histoire du cinéma marocain…mais c’est de la petite histoire. Tanger va se révéler très vite une ville idéale pour une manifestation cinématographique d’envergure. Cité millénaire inscrite dans l’imaginaire artistique collectif, dotée d’infrastructures touristiques, une vie nocturne digne des grandes villes. A cela s’ajoutait en ce décembre béni, une pluie fine et rafraichissante donnant à l’ambiance générale du festival une aura magique qui reste indélébile dans la mémoire des cinéphiles qui avaient pris part à cette édition …même si la salle, au nom mythique Le Goya, qui abritait la compétition officielle entamait déjà son déclin ; elle finira par être fermée quelques années plus tard. Elle abritera cependant un événement qui se révélera de dimension historique : l’ouverture de la compétition officielle aux cinéastes marocains de la diaspora. Tanger 1995 entrera dans l’histoire du cinéma marocain comme un tournant décisif, comme le moment qui vit l’arrivée d’une nouvelle génération, la naissance d’une vague cinématographique.

La sélection officielle de la 4ème édition était juste correcte pour les longs métrages : dix films étaient en lice en compétition officielle devant un jury présidé par Abdellatif Laabi. Le comité d’organisation avait entamé un débat interne sur la possibilité d’inviter les jeunes cinéastes marocains de l’étranger (la France notamment) pour participer au festival et prendre part à la sélection officielle. Certains voyaient cela d’un mauvais œil et à partir d’un point de vue corporatiste étroit. Il faut rendre hommage ici au cinéaste Abdelkader Lagtaâ qui a brillamment défendu l’idée de cette ouverture, soutenue par les représentants du CCM. Ce fut, le bon choix : la compétition officielle du court métrage voit alors débarquer des jeunes cinéastes, dont certains avaient déjà à leur actif deux courts métrages. Ils s’appellent Nabil Ayouch présent à Tanger avec trois courts métrages : Les pierres bleues du désert (avec un certain Jamel Debbouze dans le premier rôle), Hertzienne connexion et Le vendeur du silence ; Ismail Ferroukhi avec L’exposé ; Hassan Legzouli avec Le marchand de souvenir ; Myriam Bakir avec Demain on tourne ; Rachid Boutounes avec  Noces en sursis ; Mhmaed Ulad Mhand avec un Américain à Tanger ; et Nordine Lakhmari avec Notes brèves…Ce fut un coup d’éclat. Une réussite totale. Lakhmari notamment avec un court métrage d’une maîtrise quasi-académique fit sensation. Le jury ne pouvait que conforter ce choix : Notes brèves obtint le Prix spécial du jury et le Prix de la presse ; Ayouch, le prix de la meilleure réalisation pour Le vendeur du silence ; Ismail Ferroukhi, le prix de la première œuvre…et du coup une nouvelle page de l’histoire du cinéma marocain était ouverte. Elle sera enrichie par des apports similaires de nouvelles générations qui font la richesse et la diversité du cinéma marocain d’aujourd’hui.

Omar Benjelloun

décembre 1975 - décembre 2015

Omar, regarde les hommes tomber!

dimanche 13 décembre 2015

PALMARES INEDIT A MARRAKECH

LETTRE DE MARRAKECH

Coppola fait entrer Marrakech dans l’histoire


Lors de la soirée de clôture de la 15ème édition du FIFM, un brin de suspense avait commencé lorsque on a décidé exceptionnellement, comme l’a précisé le sympathique animateur de la cérémonie de clôture, l’inamovible Laurent Weil, de commencer la présentation du Palmarès par l'attribution du Grand prix, la fameuse Etoile d’or de Marrakech. Une tradition non écrite voulait qu’on proclame les prix dans un ordre décroissant en commençant par les prix d’interprétation. En changeant cet ordre, quelque chose d’insolite allait avoir lieu. Le grand F. F. Coppola va se révéler non seulement président de jury mais véritable maître d’œuvre de cette mémorable édition. Insolite, l’événement qui allait suivre l’était en fait et il était surtout historique : le palmarès va être en effet marqué par l’attribution du Prix du jury à 14 films et du coup tous les films de cette quinzième édition sont repartis avec une récompense. C’est la première fois dans les annales des festivals qu’un tel geste a lieu. Coppola, auteur de véritables monuments du cinéma la saga Le Parrain et surtout Apocalypse now vient de faire preuve en tant que président de jury d’une grande audace et surtout d’une grande intelligence à l’égard de ce qui traverse le monde aujourd’hui comme mutations, comme contradictions violentes et qui rendent l’idée même de compétition dérisoire. « C’est le cinéma lui-même qui est récompensé » a précisé le cinéaste américain qui a du coup fait entrer cette édition du festival de Marrakech dans l’histoire du cinéma. Coppola avait annoncé la couleur en déclarant précédemment que le cinéma change devant nous. Avec son palmarès inédit, il semble nous dire tout simplement que le cinéma est en danger. Ce faisant il a signifié par son geste un acte de résistance politique à l’égard du formatage des esprits par la standardisation des images. Marrakech lui a fourni cette occasion parce que le festival respire encore de la fraîcheur ne dépendant pas de grandes compagnies de production et ne subissant pas les pesanteurs d’un marché de films…fraîcheur également de sa ligne éditoriale ouverte cette année davantage encore sur des œuvres jeunes et abordant des thématiques sociales et culturelles.
Pour le palmarès lui-même, le prix de l’interprétation masculine est allé sans surprise à l’acteur du film islandais, Le géant imide,  le public l’ayant déjà plébiscité. Le film aurait également remporté facilement le prix du public tant il dégage de nobles sentiments. Le prix d’interprétation féminine récompense la jeunesse avec la victoire de l’actrice du film  belge, Keeper, Galatea Bellugi ; la concurrence était serrée, cette édition marquée par des premiers rôles féminins très forts.
Le prix de la meilleure réalisation est certainement la plus emblématique de cette édition, il est allé au film le plus ambitieux, le plus porté par un travail de cinéma, Neon Bull du brésilien Gabriel Mascaro.
L’étoile d’or attribuée au film libanais Very big shot est une surprise totale. Certes le film est une comédie légère qui se laisse lire comme une parabole du drame libanais, mais il n’a pas convaincu le noyau cinéphile des festivaliers. C’est un geste aux connotations politiques certaines. Il faut dire que Marrakech porte chance au Liban puisque c’est la deuxième fois qu’un pays du cèdre décroche le grand prix de la ville ocre, Ziad Douiri l’avait en effet emportée en 2012, avec L’attentat.


Signature de livre à Marrakech

Mohammed Bakrim.... par Tala Hadid

mercredi 9 décembre 2015

Festival de Marrakech lettre 3

lettre de Marrakech 3


Le cinéma canadien : entre voisin et cousin !
Le festival de Marrakech accueille cette année le cinéma canadien. Un hommage lui est rendu ce dimanche. Une importante et imposante délégation (forte d’une trentaine de membres) a fait le déplacement vers la ville ocre signifiant ainsi la pertinence de cette initiative qui augure de riches possibilités de coopération entre les deux pays en matière de cinéma. Les deux cinématographies ne manquent pas en effet de points de similitude et affichent des ambitions identiques notamment affermir un cinéma national authentique, ancré dans son environnement, dans un monde globalisé et où des cinémas dominants ont depuis longtemps balisé les pistes de fabrication et de circulation des films. Le cinéma canadien développe dans ce sens une voie d’expression originale, s’attelant sans cesse à se forger une voie originale à l’ombre de deux grandes cinématographies internationale, celle du voisin, le cinéma américain et celle  du cousin, le cinéma français. Pendant longtemps, un schéma non écrit traversait le cinéma canadien avec une tendance grand public, dans la partie anglophone, et un cinéma estampillé cinéma auteur au Québec. Mais la réalité est plus complexe, et on assiste à un développement d’un cinéma anglophone même dans la partie francophone et avec des modes d’expression qui tentent de concilier l’ancrage identitaire dans des formes qui empruntent aux codes forgés par Hollywood. Des cinéastes comme Michel Poulette (présente à Marrakech, Gilles Noël ou Jean-Marc Vallée…ont développé un cinéma de fiction, le polar notamment, à tendance franchement commercial tout en sauvegardant une forme de singularité que le public apprécie et plébiscite.
Le cinéma d’auteur, aussi bien pour le documentaire que pour la fiction, dans la partie anglophone et francophone, a permis cependant au cinéma canadien d’acquérir ses lettres de noblesse, avec des figures de proue (David Cronenberg, Denys Arcand, Atom Egoyan…). Parvenant ainsi à marquer des points y compris dans le fief de Hollywood : Les invasions barbares avaient remporté l’Oscar du meilleur film en langue non anglaise en  Une image à forte charge symbolique avait marqué le festival de Cannes en 2014 quand le jury avait décerné son Prix  à Xavier Dolan, l’un des plus jeunes primés à Cannes, ex aequo avec J.-L. Godard. Une consécration pour le jeune prodige québécois…
Le cinéma Canadien dispose aujourd’hui d’une assise institutionnelle stabilisée avec des formules d’aide publique au cinéma. Toronto abrite aujourd’hui un grand festival international ; crée en 1976, le festival international de Toronto (TIFF) est devenu l’un des plus grands marchés de films dans le monde.
Aujourd’hui la production canadienne tourne autour d’une centaine de films par an dont une bonne trentaine produits au Québec. Le Canada a conclu des accords de production avec 57 pays. La présence de professionnels de cinéma canadien à Marrakech ouvre sur de larges possibilités de coopération avec leurs homologues marocains d’autant plus qu’un certain nombre de cinéastes, de technicisions et de comédiens marocains ont fait le choix d’exercer leur métier au Canada. Le hasard a fait d’ailleurs que le festival rende hommage à un marocain du Canada en la personne du directeur de photo, Kamal Derkaoui.
Atom Egoyan qui préside la délégation canadienne à Marrakech a prononcé un discours bilingue (français-anglais) mettant justement en exergue le pluralisme culturel du Canada que le cinéma tente d’exprimer ; illustré également par sa propre biographie : un arménien, né en Egypte et qui est arrivé à l’âge de trois ans au Canada. Un pays où il a développé une brillante carrière de cinéma. Installé dans la partie anglophone, à Toronto,  il devient un familier des festivals internationaux notamment Cannes. En 2002, il réalise Ararat sur le génocide arménien.
Lors de la soirée de l’hommage, le public du festival de Marrakech a pu découvrir son nouveau film Remember. Un thriller poignant, captivant et déroutant. D’abord en revisitant d’une manière originale, la question de la mémoire d’Auschwitz ; ensuite par la nature des protagonistes qu’il met au centre de son récit, des pensionnaires d’une maison de retraite. La trame narrative est construite autour de l’idée de vengeance. Deux pensionnaires décident en effet d’assassiner le nazi responsable de la mort de leur famille dans le camp de concentration. Le projet s’avère rocambolesque car le héros chargé de cette mission souffre de démence sénile. Une construction qui évite au film d’être une énième version du scénario de la chasse aux nazis et de développer un rythme soutenu aux rebondissements spectaculaires qui dévoilent que derrière le devoir de mémoire, il y a toujours des risques de dérives, de manipulation et que derrière le scénario apparent, il y a le scénario effectif de ceux qui tirent les ficelles de l’histoire. 


Festival de Marrakech lettre 2

Lettre 2


Deux figures féminines de notre temps
C’est la femme qui  inaugure les récits de la compétition officielle de la 15ème édition du festival de Marrakech. Ce sont en effet deux figures féminines aux destins marqués du sceau de notre temps qui portent les deux films de cette première journée riche en images. L’une nous vient de l’orient extrême avec le film sud coréen, Steel flower   et l’autre du moyen orient avec le film iranien Paradise.
Un cinéma de l’immersion
Le film du sud-coréen Park Suk-young, Steel Flower  renoue avec une tradition narrative et thématique récurrente dans le nouveau cinéma sud-coréen, découvert ici même à Marrakech, avec des protagonistes happés par les conditions de l’insertion au sein d’un milieu hostile ou du moins difficile. C’est une SDF que nous suivons dans une errance existentielle, au sens physique du mot puisqu’il s’agit pour la jeune Ha-dam de trouver chaque soir un gîte et de quoi se nourrir. N’ayant pas de téléphone ni de domicile fixe, toutes les portes lui sont fermées ; sa quête prend les allures d’une errance dans un univers nocturne, sub-urbain où les néons d’une lumière factice renvoient à davantage d’enfermement, et de violence. Une violence sociale, celle de la misère et de la solitude et une violence physique, celle générée par les instincts de survie qui font que les marginaux et les faibles sont les plus violents entre eux. La caméra de Park Suk-young nous embarque dans un récit où la caméra colle au personnage, souvent de dos, selon un dispositif scénique qui rappelle le procédé popularisé par les frères Dardenne, dans Rosetta. Un cinéma de l’immersion qui fait que le spectateur est constamment intégré à cette course effrénée, compagnon passif du personnage. C’est la bande son qui offre une ouverture au drame. L’attention de Ha-dam sera attirée, en effet, par le son de danseurs de claquette. L’issue du drame passera alors à travers l’acquisition de chaussures adéquates ; mais après un long processus initiatique, fait de violence et de révolte retenue (l’image finale de la houle et de la mer déchaînée).
Sous le voile, la braise
Hanieh est l’autre figure féminine de cette première journée de la compétition officielle, héroïne deParadise du jeune cinéaste iranien de Sina Ataeian Dena. C’est une institutrice dans Téhéran d’aujourd’hui mais qui est appelée chaque jour, pour rejoindre son école située dans une banlieue pauvre, à parcourir toute la ville. Nous retrouvons la même dramaturgie structurant les deux films ; celle de la quête. Si dans Steel flower la quête du personnage est orientée vers l’acquisition d’un emploi et d’un abri ; celle de Paradise est d’être mutée vers une école proche de son domicile. Mais ce qui intéresse d’abord dans ce premier long métrage de Sina Ataeian Dena, c’est l’histoire du film lui-même. Comme il le signale dans le générique de fin, c’est un film tourné sans autorisation ; le tournage qui a duré plus de trois ans a usé de différents stratagèmes y compris en combinant des scènes tournées dans de vrais décors et d’autres  fabriquées numériquement. En somme, des images volées à l’instar du film Taxi de Jafar Panahi. Le frère de ce dernier est d’ailleurs présent dans le générique du film comme producteur. Le résultat est un constat accablant de l’Iran d’aujourd’hui. Mais un constat qui refuse de s’enfermer dans les clichés véhiculés à l’égard de l’Iran des Ayatollah. Si un voile noir pèse sur la vie sociale, le film va au-delà du voile pour capter les signes de cette vie qui palpite comme le feu de la braise sous la cendre. Centré autour de la figure de la femme, le récit s’ouvre largement sur la réalité multiple d’une société en mouvement. A l’image de ses écolières qui s’acharnent à jouer au football malgré les injonctions morales de la directrice, chantent et dansent dans le bus du transport scolaire. L’une d’entre elles rate même ce bus, un matin, car elle est revenue à la maison chercher son vernis à ongle, pourtant strictement interdit. A l’opposée du rythme infernal du film sud-coréen, ici, le récit s’offre des moments de pause avec des scènes poétiques, des plans fixes de méditation…ou avec des images en abyme comme quand Hanieh vient admirer, de temps en temps, un aquarium : des poissons aux jolis couleurs mais qui se meuvent dans un univers fermé.
Le film est en outre truffé de clins d’œil aux films de ses aînés ; en matière d’engouement des jeunes filles pour le football, cela nous rappelle, Hors jeu de Jafar Panahi qui décrit comment une femme est amenée à se déguiser pour accéder au stade de football. La scène où Hanieh se rase les cheveux n’est pas sans rappeler la femme sans cheveux dans la voiture de Ten de Abbas Kiarostami…une sorte de filiation artistique qui assure au film une autre forme de légitimité, qui en fait un film iranien, même sans le visa de ses détracteurs bureaucrates.



Festival de Marrakech lettre 1

Lettre de Marrakech 

Le cinéma, témoin de son temps

La 15ème édition du festival de Marrakech commence aujourd’hui en affichant une programmation prometteuse, riche et diversifiée. Mais le festival est d’abord en soi un message éloquent eu égard le contexte international tendu et marqué par les horreurs de la violence sous différentes formes. Il indique ainsi que la vie finit par l’emporter et que le cinéma, vecteur artistique de l’imaginaire contemporain, traduit dans un foisonnement d’images et de son cet attachement à la vie, à la concordance et à la tolérance. Le festival de Marrakech a pour ainsi dire dès sa naissance eu à relever ce défi : dire la vie dans sa multitude et la défendre contre les contingences tumultueuses. Septembre 2001, Marrakech a réussi. Le monde ne l’oublie pas. Aujourd’hui encore, il s’agit de prolonger le même engagement. Le président de la fondation du festival de Marrakech, SAR le prince Moulay Rachid le rappelle clairement dans le texte d’ouverture de cette édition : « A ce titre, alors que le Monde et sa si terrible actualité inquiètent plus qu’ils ne rassurent, rappelons que face à l’adversité et au malheur qui frappent tant d’hommes et de femmes, que des milliers d’humains cherchent refuge, fuyant la brutalité et la violence, oui, disons ici, que le cinéma est plus encore aujourd’hui, mis en demeure de témoigner. »
Témoigner est ainsi le programme générique de cette édition. Témoigner de l’ouverture de notre pays que consacre un festival d’envergure internationale ; témoigner de la force du cinéma pour dire  que l’art traverse les frontières et transcende les contingences de l’instant pour offrir une autre image de l’humanité. Témoigner que les rencontres et le dialogue sont le cadre idoine pour aplanir les divergences. Témoigner surtout que la culture est le capital commun de l’humanité. Son bouclier contre la barbarie
L’édition de cette année ne déroge pas à la règle. Elle est une nouvelle illustration de l’inscription du festival dans une logique de promotion de la culture cinématographique. Deux réussites de ces dernières années en sont la preuve éloquente : les masterclasses  et le concours Cinécoles. Deux moments d’échanges qui dialoguent autour d’un enjeu majeur, la formation. Cinécoles car elle permet aux jeunes lauréats des écoles de cinéma de se confronter au cinéma dans sa dimension professionnelle internationale avec un jury prestigieux pour consacrer un film prometteur. Et les masterclasses parce que elles sont la tribune qui s’ouvrent sur les expériences d’auteurs de renommée internationale.
Le pays invité est une section qui s’est très vite imposée comme une fenêtre sur le cinéma du monde à travers le cas d’une cinématographie donnée. Cette année c’est le Canada,  pays qui a su développer, face au géant voisin, un cinéma original et très populaire chez lui. Une expérience enrichissante pour notre propre cinématographie. Le point d’orgue de cet édifice reste le jury. Celui de cette année brille encore de mille feux avec à sa tête, un grand cinéaste, et un auteur mythique, F.F Coppola.
Reste alors la présence marocaine. Celle-ci suscite souvent des controverses et des polémiques. L’année dernière la sélection marocaine a été importante, reflétant l’état de la production. Cette année, c’est une autre formule qui a été privilégiée par la direction artistique optant pour des films coproduits. Ce n’est pas un secret d’Etat de dire que la production nationale a été très insuffisante cette année. Les tournages avaient pris du retard et cela s’est répercuté sur le nombre de films candidats possibles à une éventuelle présence dans telle  section ou telle autre du festival. Nous sommes un pays surdéterminé par la culture « agricole » : il y a des années de vaches maigres ! L’année prochaine s’annonce par exemple florissante. Ainsi, Marrakech témoigne aussi de l’état des lieux de notre cinématographie, comme de notre cinéphilie. Et ce n’est pas la moindre de ses vertus


Albachado de Hassan Aourid

  L’intellectuel et le pouvoir ou la déception permanente ·          Mohammed Bakrim «  Avant d’être une histoire, le roman est une in...