Une
économie émergente
C’est un outil essentiel que le
Centre cinématographique marocain met à la disposition des observateurs du
champ cinématographique en éditant et en mettant en ligne le bilan chiffré de
l’année écoulée. La tradition veut que ce bilan soit présenté à l’occasion de
chaque nouvelle édition du festival national. Une logique donne cohérence à
cette démarche. Au bilan artistique et esthétique que le festival donne par le
biais de la compétition officielle et des films présenté, le bilan annuel
trace, quant à lui, les grandes lignes de l’activité cinématographique en
donnant la parole aux chiffres et nouveauté de cette année aux courbes qui les
synthétisent. Au bilan esthétique répond le bilan économique. Un regard sur la
superstructure, le discours des images, et une idée succincte sur
l’infrastructure.
Dison-le d’emblée et sans
ambages : c’est une mine d’or, en termes de contenu informatif, pour le
chercheur désireux de décrypter l’état des lieux de notre cinématographie.
D’autant plus que le bilan de cette année a été enrichi et plutôt complété par
plus de précisions, de schémas et de nouvelles rubriques comme celle relative
au nombre et à la place des premières œuvres dans l’aide à la production
cinématographique nationale.
L’architecture générale du bilan
est organisée autour de 11 entrées. La première concerne le nombre de films
produits en 2014. D’autres entres concerne le volet de l’avance sur recettes ou
du nombre de films internationaux tournés au Maroc. L’une des entrées les plus
suivies chaque année concerne l’état de l’exploitation.
Nous allons nous concentrer dans
cette première présentation sur deux volets. Les chiffres globaux qui font
l’économie du cinéma marocain notamment l’avance sur recettes, les
productions internationales.
Que nous apprend le document sur
l’argent qui circule au sein de l’économie du cinéma marocain ? En amont
d’abord, c’est-à-dire au niveau de l’investissement pour la production. Il y a
le rôle unique et quasi exclusif de l’avance sur recettes qui fonctionne comme
guichet unique de la production en l’absence des chiffres sur l’apport des
chaînes de télévision. On apprend ainsi qu’en 2014 la somme de 58 800,00
dhs a été avancée à 38 films tous formats (longs et courts) et formules (avance avant ou après
production, aide à l’écriture) confondus. L’avance la plus élevée délivrée en
2014 est de l’ordre de à Jamal Afina de Yassine Marco Maroccu.
L’autre volet qui a constitué
pratiquement l’événement de l’année est le montant des capitaux investis par
les tournages internationaux. On peut parler à ce propos d’un chiffre
historique avec le dépassement de la barre symbolique du milliard de dhs (1166,
31 millions de dhs). Une année faste après les années des vaches maigres
notamment 2011 où le montant a chuté pour atteindre moins de cent millions de
dirhams. Le document du CCM fournit les détails des productions qui ont
contribué à la réalisation de ce record. Pourvu que ça dire.
L’autre volet qui aide à
comprendre le chiffre d’affaires global généré par le cinéma marocain concerne
son talent d’Achille, l’exploitation. Le tableau récapitulatif indique que pour
l’ensemble du parc marocain qui compte 59 écrans (on n’ose plus parler du
nombre de salles ; on y reviendra) la somme de 66 726 466,00 dhs
ont été déboursés par 1 643 647 spectateurs. Près de 44% de ce
chiffre a été atteint grâce au multiplexe franco-marocain qui a ouvert des
salles à Casa, Marrakech, et Fès.
D’un point de vue strictement
statistique, on peut parler d’une année mi-figue, mi-raisin qui offre quand
même les bases d’une économie de cinéma émergente.
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