A la 77ème minute du match officiel, qualificatif
pour l’Euro 2016, entre l’Espagne et la Macédoine, le jeune Munir Haddadi a
fait son entrée sur la pelouse du stade de Valencia portant le maillot numéro
19 des couleurs de la Roja. C’était l’événement dans l’événement. L’Espagne a
eu gain de cause deux fois. Elle a brillamment remporté le match en s’imposant
par un score large (5-1) et elle a réussi à capter l’itinéraire du jeune
prodige barcelonais en le connectant définitivement au destin de l’équipe
espagnole. Le jeune Munir paraissait tout ému en enfilant son maillot et en
écoutant les dernières consignes de son coach, le vétéran Del Bosque. Sa
prestation relevait d’une simple formalité, il n’était pas franchement, ce soir
là, attendu en termes techniques. D’ailleurs, il était entré dans une
configuration tactique où il était en concurrence avec Silva et son collègue du
Barça, Pedro. L’enjeu véritable de son
entrée en scène relevait de l’extra-footballistique. C’était le symbole qui
était consacré. Un passage. Une inscription dans une nouvelle identité. Un
choix qui en dit long sur les nouveaux rapports identitaires qui caractérisent
le monde issu de la globalisation. Munir
était déjà espagnol ne l’oublions pas (il est né à Madrid) ; mais ce
soir-là il a donné à cette appartenance une nouvelle légitimité inspirée de
l’esprit du temps.
Face à cette image, ma réaction était mitigée. Double en
fait. De la frustration certes, de ne pas voir ce joueur prometteur venir
renforcer le nouvel élan des « vertd et rouges » mais de la fierté
aussi car on continuera de dire à chaque prouesse de ce jouer talentueux, « Munir
d’origine Marocaine ». Sur cette voie nous lui souhaitons tout le succès
du monde ; qu’il devienne le Zidane des nouvelles générations. Il sera
toujours quelque part marocain ; et cela rien ne lui enlèvera. Evitons
donc les règlements de compte stupides et haineux ou les jugements hâtifs comme
qui ceux qui évaluent son geste à l’aune du patriotisme. Il mérite tout le
respect et l’estime qui siéent à sa valeur, à sa prestation et ses
comportements futurs.
De l’autre de côté des Pyrénées, c’est une
« Marocaine » cette fois qui déchaîne des réflexes quasiment haineux
et belliqueux. C’est la ministre française, d’origine marocaine, de l’éducation
nationale, Najat Belkacem. Elle a subi depuis na nomination une avalanche
d’attaques, d’insultes, de rumeurs… de
nature sexiste, raciste, misogyne. On est allé jusqu’à falsifier des documents
officiels de son département pour lui faire attribuer des positions que ne sont
pas les siennes.
« Elle est attaquée et injuriée
sous divers angles : pour ce qu’elle pense, pour ce qu’elle a fait en tant
que ministre des droits des femmes, pour ce qu’elle est, une jeune femme
française d’origine marocaine. Sont ainsi visés ses idées, son action, son
parcours, sa personne.
Nous
tenons à affirmer notre entière solidarité avec Najat Vallaud Belkacem,
conscientes qu’à travers elle, est aussi gravement mis en cause ce que doit
être l’égalité républicaine, c’est-à-dire l’égalité entre les sexes, entre les
origines, entre les personnes. »
C’est
ce qu’on peut lire sur une pétition qui circule pour lui témoigner soutien et
solidarité. Nous faisons nôtre cette démarche à l’égard de ces nouveaux
symboles ; ils contribuent à réécrire autrement la logique d’appartenance
à un territoire et expriment la dynamique identitaire qui forge, dans la
douleur certes, la configuration d’un nouveau monde.
Mohammed
Bakrim
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