La rentrée des classes est là ; personne ne peut en préciser
la date exacte, car c’est tout le long de septembre qu’on ne cesse de rentrer !!!
J’appartiens à la génération bénie qui a eu la journée universelle de reprise
du chemin de l’école incarnée par le mythique premier d’octobre, avec son
atmosphère automnale authentique, ses maîtres respectés et heureux…Bref c’est
fini tout cela, et aujourd’hui autres générations autres mœurs.
Le cinéma a aussi un œil sur le calendrier scolaire, non pas
pour sa synchroniser sa rentrée avec la sienne mais parce que le cinéma est de
plus en plus une affaire d’écoles. Le pluriel est pertinent puisque le nombre
d’établissements impliqués dans la formation aux métiers du cinéma fait
florès ! Il y a quelques années à peine, disons vers la fin des années 90,
c’était la pénurie, le vide en matière de formation académique. C’était au moment où le pays comptait encore
une centaine de salles de cinéma en activités (170 salles en 1998). Aujourd’hui
changement de donnes ; alors que les salles de cinéma disparaissent chaque
jour que le bon Dieu fait, les écoles de cinémas fleurissent et
pullulent… « Si elle ne coule pas, elle tarit » dit un proverbe
amazighe : il y a plus
d’ « écoles » de cinéma que de salles de cinéma. On est
passé de la disette à l’abondance. Et l’offre en matière de formation pour le
cinéma et l’audiovisuel connaît une véritable inflation non sans un certain
désordre et une certaine confusion. A
Casablanca, au célèbre quartier commerçant Deb Omar, il y a les Chinois et les
écoles de cinéma…On ne compte plus le nombre de « monteurs » et de « cadreurs »
qui arrivent chaque année sur le marché et de plus en plus d’assistants à la réalisation,
si ce n’est de réalisateurs !
Il faut souligner à cet égard que le vide laissé longtemps
par l’absence d’une grande institution publique de formation en la matière a
ouvert la voie à toutes formes de spéculations, le privé n’y étant pas allé de
main morte. Conçu et mis en projet avec montage financier et programme
pédagogique, l’Institut supérieur des métiers du cinéma a mis plus de dix ans
pour voir finalement le jour dans une version largement formatée par les
desiderata des fonctionnaires du ministère de la communication et loin des
ambitions d’antan. L’ISMAC, a donc finalement vu le jour en septembre
2013 ; une belle initiative qui arrive tard, très tard dans un paysage largement saturé avec la
multiplication des circuits de formation et des intervenants. A commencer par
un opérateur historique la formation professionnelle qui dispose d’une grande
variété de cursus jouissant globalement
d’une bonne réputation professionnelle. Le privé qui a vu arriver des formations
hybrides confondant cinéma et télévisions ; le ministère de l’éducation
nationale avec les BTS (Bac + deux ans) et les facultés des lettres qui ont tenté de
redorer leur blason en multipliant des propositions de formations diplômantes
en audio-visuel. Et puis il y a le cas de figure de l’ESAV de Marrakech qui a
un statut particulier (initiative privé
mais fonctionnant à but non lucratif et qui est venue combler un vide en
matière de formation pensée et construite dans les normes académiques et
universitaires.
Il nous semble que l’arrivée de l’ISMAC doit amener une
nouvelle réflexion sur les processus de formation pour le cinéma. Les
universités devraient revenir à leur mission initiale ; former à la
culture cinématographique et non délivrer des diplômes de réalisateurs ;
encourager et promouvoir la culture cinéphile, la sociologie du cinéma,
l’esthétique, l’histoire du cinéma… dans un enseignement transversal qui
implique tous les départements des études en sciences humaines. Le cinéma
marocain a besoin de chercheur et de producteur de discours…sur son
discours !
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