mercredi 14 janvier 2015

Une journée fériée pour Asggass amazigh

Le socle d’une société ouverte et plurielle

Le pays de Tamazgha célèbre le nouvel an amazigh, 2965. Yennayer continue ainsi à constituer l’un des repères temporels d’une culture séculaire ; loin de tout tapage médiatique ou récupération politicienne, le peuple amazigh a toujours perpétué cette tradition avec des rites festifs et symboliques qu’il puise dans la mémoire collective de tamazgha. Cette même mémoire qui a permis à une langue et une culture de braver le temps et les contraintes,  durant plus de trente siècles. Merci à nos mères…
Aujourd’hui, différentes composantes de la société civile amazighe  revendiquent que cette journée du yennayer soit fériée, chômée et payée à l’instar du jour de l’an des calendriers de l’hégire et  grégorien. D’emblée, c’est une revendication somme toute logique et de surcroit en pleine cohérence avec le nouveau Maroc issu de la constitution de 2011.  C’est en effet une autre manière de réconcilier la société politique et institutionnelle avec  son environnement immédiat, avec la réalité du pays.  Ce ne sera pas un jour de congé en plus, mais un geste politique qui devrait normalement s’inscrire dans toute une panoplie de mesures destinées à rendre visible et concret dans l’espace public, le choix plébiscité par les Marocains en adoptant le nouveau texte fondamental du pays qui a fait de la langue amazighe une langue officielle du pays.
Cette décision ne manquera pas d’ailleurs d’avoir un effet d’entraînement d’une autre nature.  En rapport avec la gestion de notre mode de vie. A commencer par des conséquences sur la gestion du calendrier des vacances officielles de notre pays. C’est l’une des vertus et non des moindres de la reconnaissance institutionnelle de la langue amazighe. Celle-ci, dans l’enseignement comme dans de nombreux secteurs,  aiguise l’intelligence et incite à sortir de la paresse intellectuelle…invite à se prémunir contre la sclérose. Chaque fois que l’on réfléchit à introduire l’amazighité dans nos pratiques publiques et institutionnelles, on bouscule l’ordre ancien, on innove, on s’ouvre sur d’autres horizons. Il en est  ainsi avec la proposition de faire du premier yennayer amazigh une fête nationale. Longtemps en effet le calendrier des vacances est resté figé et n’a jamais été soumis à une réflexion publique nourri de nouvelles donnes sociales. Avec la proposition d’une journée fériée dédiée au jour de l’an amazigh, l’occasion serait propice de revoir ce calendrier et le rendre plus rationnel, plus conforme à la réalité des attentes socio-culturelles. Il y a en effet des aberrations à corriger, des  réajustements à apporter et des omissions à rattraper.

L’amazighité est une chance pour notre pays. Elle renvoie à ce qui fait son ADN, à savoir le pluralisme, l’ouverture, la tolérance. Des années ont été perdues et des chances ont été ratées pour l’évolution positive de notre pays et l’épanouissement de ses populations par la faute de choix politiques obnubilés par des approches idéologiques dogmatiques. L’amazighité a été la figure emblématique de ce ratage historique. L’amazighité est l’expression de la blessure profonde qui traverse notre mémoire collective. Longtemps niée du schéma officiel y compris  quand des initiatives, timides certes, émanant des plus hautes autorités du pays, ont été prises lors des expériences précédentes car des lobbies idéologiques et des intérêts égoïstes ne voulaient pas que les choses changent…la reconnaissance du fondement amazigh de notre pays suppose un environnement démocratique, une culture humaniste, une approche tolérante de la diversité et de la variété socio-culturelle du pays. Nous sommes convaincus que chaque pas accompli dans la réaffirmation de l’amazighité dans l’espace public est une avancée dans la construction de l’édifice démocratique. C’est ce qui en fait une cause nationale légitime soutenue par tous les démocrates, quelle que soit leur date de référence. Assgass amayno pour tous.

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