Le socle
d’une société ouverte et plurielle
Le pays de Tamazgha célèbre le nouvel an amazigh, 2965.
Yennayer continue ainsi à constituer l’un des repères temporels d’une culture
séculaire ; loin de tout tapage médiatique ou récupération politicienne,
le peuple amazigh a toujours perpétué cette tradition avec des rites festifs et
symboliques qu’il puise dans la mémoire collective de tamazgha. Cette même
mémoire qui a permis à une langue et une culture de braver le temps et les
contraintes, durant plus de trente
siècles. Merci à nos mères…
Aujourd’hui, différentes composantes de la société civile
amazighe revendiquent que cette journée
du yennayer soit fériée, chômée et payée à l’instar du jour de l’an des calendriers
de l’hégire et grégorien. D’emblée,
c’est une revendication somme toute logique et de surcroit en pleine cohérence
avec le nouveau Maroc issu de la constitution de 2011. C’est en effet une autre manière de
réconcilier la société politique et institutionnelle avec son environnement immédiat, avec la réalité
du pays. Ce ne sera pas un jour de congé
en plus, mais un geste politique qui devrait normalement s’inscrire dans toute
une panoplie de mesures destinées à rendre visible et concret dans l’espace
public, le choix plébiscité par les Marocains en adoptant le nouveau texte
fondamental du pays qui a fait de la langue amazighe une langue officielle du
pays.
Cette décision ne manquera pas d’ailleurs d’avoir un effet
d’entraînement d’une autre nature. En
rapport avec la gestion de notre mode de vie. A commencer par des conséquences
sur la gestion du calendrier des vacances officielles de notre pays. C’est
l’une des vertus et non des moindres de la reconnaissance institutionnelle de
la langue amazighe. Celle-ci, dans l’enseignement comme dans de nombreux
secteurs, aiguise l’intelligence et
incite à sortir de la paresse intellectuelle…invite à se prémunir contre la
sclérose. Chaque fois que l’on réfléchit à introduire l’amazighité dans nos
pratiques publiques et institutionnelles, on bouscule l’ordre ancien, on
innove, on s’ouvre sur d’autres horizons. Il en est ainsi avec la proposition de faire du premier
yennayer amazigh une fête nationale. Longtemps en effet le calendrier des
vacances est resté figé et n’a jamais été soumis à une réflexion publique
nourri de nouvelles donnes sociales. Avec la proposition d’une journée fériée
dédiée au jour de l’an amazigh, l’occasion serait propice de revoir ce
calendrier et le rendre plus rationnel, plus conforme à la réalité des attentes
socio-culturelles. Il y a en effet des aberrations à corriger, des réajustements à apporter et des omissions à
rattraper.
L’amazighité est une chance pour notre pays. Elle renvoie à
ce qui fait son ADN, à savoir le pluralisme, l’ouverture, la tolérance. Des
années ont été perdues et des chances ont été ratées pour l’évolution positive
de notre pays et l’épanouissement de ses populations par la faute de choix
politiques obnubilés par des approches idéologiques dogmatiques. L’amazighité a
été la figure emblématique de ce ratage historique. L’amazighité est l’expression
de la blessure profonde qui traverse notre mémoire collective. Longtemps niée
du schéma officiel y compris quand des
initiatives, timides certes, émanant des plus hautes autorités du pays, ont été
prises lors des expériences précédentes car des lobbies idéologiques et des
intérêts égoïstes ne voulaient pas que les choses changent…la reconnaissance du
fondement amazigh de notre pays suppose un environnement démocratique, une
culture humaniste, une approche tolérante de la diversité et de la variété
socio-culturelle du pays. Nous sommes convaincus que chaque pas accompli dans
la réaffirmation de l’amazighité dans l’espace public est une avancée dans la
construction de l’édifice démocratique. C’est ce qui en fait une cause
nationale légitime soutenue par tous les démocrates, quelle que soit leur date
de référence. Assgass amayno pour tous.
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