dimanche 7 décembre 2014

le festival de Marrakech

Marrakech!
Le festival de Marrakech dont la quatorzième édition se tient du 5 au 13 décembre 2014 occupe désormais une place incontournable non seulement dans le paysage cinématographique mais dans l’ensemble de l’espace social. Le festival certes se présente d’abord comme une manifestation cinématographique d’envergure. Dès le départ, les initiateurs du Festival ont choisi de placer la barre très haute pour s’inscrire dans le sillage des grands rendez-vous cinématographique qui marquent la planète cinéma. Et il faut lui reconnaître que le pari a été tenu avec beaucoup de réussite et d’originalité. Marrakech a réussi en effet à se positionner à partir d’atouts qui relèvent du cinéma et de la culture. Contrairement à d’autres manifestations qui sont nés dans son sillage, l’attrait principal n’est pas les sommes d’argent versés dans les prix accordés mais dans la ligne éditoriale qui conjugue convivialité, esprit festif et cinéphilie.
Mais le festival a d’autres fonctions dans le contexte spécifique qui l’a vu naître. On peut dire pour résumer que ses fonctions sont multiples ; d’abord, il y a des fonctions classiques inhérentes à toute manifestation d’envergure qui relèvent de l’image, de la promotion d’une ville et d’un pays,  de l’industrie culturelle, en l’occurrence l’industrie du cinéma…mais pour notre part nous y ajoutons des fonctions aux vertus pédagogiques indéniables. Une première qui nous semble primordiale, celle de former un public, attentif, organisé, respectueux du protocole d’une projection de cinéma et in fine, un public cinéphile. Dans la population d’un festival, il y a les curieux, les touristes…ceux à la recherche de la villégiature mais il y a un noyau constitué de cette « tribu » cinéphile qui se forge au fur et à mesure que le festival se donne une identité claire et une organisation transparente et pérenne. Ce public et la meilleure  garantie et assurance sur le devenir du festival. Il en constitue l’écosystème qui lui offre un environnement propice à son épanouissement continu.  C’est un travail de longue haleine mais qui se nourrit d’actions quotidiennes au niveau de la programmation, des activités parallèles organisées, des rapports au sein des différents intervenants et de la qualité de l’accueil. Un festival qui ne construit pas son public sur la durée est un festival qui  a raté sa mission de base.

Pédagogique, le festival l’est aussi à l’égard des autres acteurs du domaine notamment ceux qui sont impliqués dans l’organisation de manifestations cinématographiques. Depuis quelques années, celles-ci, on le sait, font florès au Maroc. Leur nombre nous ne pose absolument pas de problème ; il y a longtemps que nous avons appelé à ce que « cent festivals s’épanouissent au Maroc ! » ; slogan paraphrasant celui de nos camarades chinois d’une certaine époque et il faut dire qu’aujourd’hui on n’est pas loin de la centaine puisque en 2014, ce sont près d’une soixantaine de rencontres de cinéma qui sont organisées. Cependant et pour rester dans la métaphore chinoise, « que cent écoles rivalisent », il faut s’interroger en quoi justement ces manifestations cinématographiques rivalisent ? Et à quel point ils ont su bénéficier du savoir-faire et de l’expertise qui leur sont proposés en grandeur nature par le festival de Marrakech ? force est de constater que les échos qui nous parviennent dessinent un triste bilan de la pratique dominante chez nombre de manifestations cinématographiques. A  commencer par cette aberration absurde de mettre en place des « compétitions » tous azimuts sans le minimum de conditions requises pour une projection de cinéma. La course vers la subvention du CCM, la frénésie des catégories instaurées par la commission d’aide aux festivals ont créé un climat malsain  dont la principale victime n’est autre que les films…et le cinéma. En somme, Marrakech a encore du boulot !

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