Commission !
La commission de l’avance sur recettes vient de rendre public
les résultats de ses délibérations. Elle signe en même temps l’ultime session
de son mandat. Un mandat exceptionnel puisqu’il a été prolongé d’une année
au-delà de la durée statutaire. La
commission a siégé en effet pendant trois ans alors que les textes stipulent
une durée de deux ans. Une mesure d’exception qui relève des prérogatives du
ministre de la communication qui est l’instance de tutelle. Un précédent a été
vécu avec le prolongement de la présidence de M. Laabi et non pas de l’ensemble
des membres de la commission.
Quel bilan donc peut-on tirer de la première expérience de la
commission d’avance sur recettes sous la nouvelle ère ? C’est en effet la
première commission nommée sous un gouvernement dirigé par une majorité
islamiste issue du scrutin de 2011. Le hasard a voulu que l’ancienne
commission, nommée par M. Khalid Naciri,
son mandat se termine avec l’arrivée du nouveau gouvernement. C’est la première caractéristique qui va
marquer les travaux de la commission qui
sera nommée avec beaucoup de retard (le temps que le nouveau gouvernement
s’installe !) ; elle n’avait entamé ses travaux qu’au printemps 2012.
Des travaux qui seront également secoués par le décès de son premier président,
l’économiste de gauche, Feu le professeur Driss Benali. Son successeur,
Abdelkrim Berrechid a fait sa réputation en tant que dramaturge. La composition
de la commission a été remodelée pour inclure un membre issu des provinces du
sud. Son texte a été également revu en introduisant notamment la pratique des
audiences des porteurs de projets : chaque société de production postulant
à l’avance sur recette délègue des représentants qui viennent soutenir un oral
devant les membres de la commission. La pratique montrera très vite la vacuité
de ses complications procédurales.
A l’heure du bilan, nous dirons d’emblée que cette commission
ne figurera pas au hitparade de l’histoire de l’aide publique au cinéma. Son
action a été marquée par des hésitations, un manque flagrant d’expérience et
une absence de cohérence. Un discours d’escorte maladroit et
démagogique a accompagné son installation. D’emblée certains de ses membres se sont
livrés à des déclarations en déphasage avec la nature de la commission et en
contradiction avec ses textes fondateurs. Certains ont proclamé que la commission
« n’est pas un guichet de bienfaisance » ; d’autres ont appelé à
« défende un cinéma qui participe à
la promotion de l’image du Maroc » ; d’autres encore ont affirmé que
la commission « doit privilégier les nouveaux et jeunes projets ». Des
déclarations d’intention qui vont très vite être « corrigées » par la
réalité du fonctionnement de la commission mais qui ont semé pendant un laps de
temps des questionnements angoissants au sein de la profession.
Le fait que le mandat de la commission soit prolongé d’une
année est un indicateur de malaise. Il sera encore d’actualité aujourd’hui à
l’heure où le ministre est attendu pour trancher dans la nomination au plus
vite de la nouvelle commission. Choisir
les membres qui la composent n’est pas un exercice aisé d’autant plus qu’il
s’agit d’un dosage qui prend en compte « l’esprit du temps » :
comment et où trouver un casting qui réponde aux critères explicites et surtout
implicites qui entrent dans le choix des membres. A l’occasion des fameuses assises et du non moins
fameux livre blanc nous avons préconisé une autre approche concernant les
modalités de fonctionnement de la commission et surtout sur la base d’un choix
stratégique, à savoir le désengagement du ministère de la communication de l’ensemble
de la procédure ; que la vie du cinéma ne dépende plus de l’agenda
politique.
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