Festivals
et cinéphilie
Plusieurs indices
concordent pour signifier un nouveau constat : le cinéma marocain est en
passe de vivre un tournant de sa jeune histoire. Un tournant dans le sens où
une nouvelle phase radicalement différente et en tarin mûrir dans l’antichambre
du changement. Rien ne devrait plus être comme avant car un stade
ultime été atteint. C’est comme le
processus avéré par les sciences physiques quand l’eau qui bout se transforme
en atteignat un certain de degré, se transforme en vapeur. C’est-à-dire change
de nature en passant d’un état à un autre.
Et pour le cinéma
l’indice fondamental de cette maturation pour passer à un nouvel éta, a
été fourni par l’année 2015 avec les
statistiques de l’exploitation, notamment le nombre d’entrées. Pour la première
fois dans le processus de la chute des entrées, la barre symbolique du million
de spectateurs a été franchie dans le mauvais sens. C’est-à-dire que durant les
douze mois et les 365 jours de 2015 ce sont à peine 900 000 spectateurs
ont daigné fréquenter une salle de cinéma en payant leur billet. C’est tout simplement effarant !
Certes, ont attend le
bilan officiel de l’année écoulé que le CCM présente à l’occasion de chaque
nouvelle édition du Festival national du film. Mais ce premier chiffre est en
soi un bilan éloquent. Il résume tous les autres et dévoilent la vacuité, sinon
l’absurdité de tous les autres bilans et rend ridicule les autres chiffres.
Moins d’un million
d’entrée, c’est un virage historique ; c’est un signal d’alarme qui
devrait inciter tous les acteurs du secteur – absolument tous- à bien contempler cette image que le renvoie
ce miroir.
Toute une batterie de
questions se bouscule au portillon d’une réflexion objective qui refuse
l’hypocrisie et les faux fuyants. Il est temps pour l’autruche de sortir enfin
sa tête du sable pour découvrir le désert qui l’entoure. Toutefois si nous
sommes étonnés de cette ampleur de la chute, nous ne sommes cependant surpris
car les premiers éboulements ont commencé il y a longtemps déjà. Plusieurs
paramètres ont été avancés pour en expliquer les raisons avant d’abdiquer
devant la réalité amère : la baisse est structurelle.
Il n’empêche que le
débat devrait être relancé en affinant le décryptage des chiffres dans leur vérité
crue. Occasion pour s’interroger autour de certains paradoxes qui traversent le
secteur comme par exemple pourquoi cette recrudescence des activités autour du
cinéma ne parvient pas à renverser la tendance ou pour le moins la
juguler ? Nous pensons en particulier aux festivals et aux diverses
manifestations de cinéma. Il est temps en effet d’interroger ces festivals sur
leur apport réel au cinéma, sur le
terrain et non pas dans le discours.
Leur contribution à l’essor de la cinéphilie ; à ramener le public
dans les salles de cinéma. Bon an, mal an, le Maroc connaît l’organisation de
plus de soixante manifestations dédiées au cinéma et ce à travers tout le
pays. Quelle leur valeur ajoutée en
termes de cinéphile, en termes de création et de formation d’un public qui aime
le cinéma.
Un festival qui ne
parvient pas dans la durée à créer son
propre public, à former autour de lui un noyau de cinéphiles comme une sorte
d’écosystème n’a pas/plus de raison d’être. Il serait utile dans ce sens de croiser
la carte des festivals et celle des statistiques des entrées. Le relevé serait ahurissant. On découvrira
ainsi que des villes par exemple comptent jusqu’à quatre festivals de cinéma et
n’apparaissent même pas dans le bilan des entrées car elles n’ont pas de salles
de cinéma !!!! Faut-il rappeler que neuf villes seulement à travers tout
le pays qui ont encore des salles en « activité » ?
Tout cela plaide pour
une nouvelle approche qui commencerait par sortir de cette hypocrisie
généralisée qui préside au commerce entre les intervenants dans le secteur. Un
discours faux qui nous enferme sous un voile opaque d’où nous émergeons un
jour/un soir pour nous retrouver nus ! Les subventions distillées à une
multitude rencontres devraient désormais intégrer ce paramètre : quel
rapport avec le public ? Quelle place pour le cinéma dans les finalités de
chaque festival ?
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