Le Maroc star des Ecrans noirs
bakrim à Yaoundé (Photo DOS)
L’ambiance commence déjà à
« l’escale de départ », en
l’occurrence Casablanca-Mohammed V ; en effet, les vols de nuit,
inaugurés et immortalisés par Antoine de Saint-Exupéry, à la destination de la
partie sud de notre continent, semblent très prisés. Beaucoup de monde dans le
hall d’embarquement, à l’heure de la rupture du jeûne. La compagnie nationale
tient là un créneau très porteur. La première impression est que ce pari
stratégique et pas seulement commercial est en tarin d’être tenu. Le vol
Casa-Bangui qui nous déposera à Douala, étape intermédiaire avant un autre vol
vers Yaoundé a été mené de main de maître.
La correspondance vers la
capitale camerounaise me permet déjà de faire connaissance avec une partie de
la délégation nigériane. Le Nigéria, en effet, étant avec le Maroc les deux cinématographies
invitées de la 18ème édition des Ecrans noirs de Yaoundé. Ma voisine
de ce vol d’une trentaine de minutes qui relie la capitale économique du
Cameroun à sa capitale politique, est une caméra-woman d’une équipe de
télévision nigériane, venue couvrir le festival. Elle me présente ses
collègues ; des jeunes, échantillon de la génération universelle du
numérique. On ne parle pas cinéphilie, mais technique de prise de vue et
performance du matériel. C’est une nouvelle époque. La rencontre prévue autour
de l’expérience marocaine et nigériane est venue justement témoigner de cette
métamorphose qui dessine une autre configuration de la culture des images.
Yaoundé, le matin très tôt. Les
formalités sont évacuées rapidement avec la complicité de la représentante du
festival venue accueillir la délégation marocaine composée de sept membres
professionnels du cinéma. Hassan Benjelloun et Daoud Aoulad Syad sont des
familiers. Ils étaient déjà avec venus avec leurs films auparavant. L’accueil
est fraternel et chaleureux.
Extérieur jour : une
atmosphère verdâtre ; il y a eu de la pluie, point de soleil le climat est
lourd sans être pesant. La forêt est là et de gigantesques camions rappellent
la richesse du pays ; d’immenses troncs d’arbres sont transportés vers de multiples
destinations. La route grouille de monde pour un samedi matin. Pour parcourir
la vingtaine de kilomètres qui séparent l’aéroport du centre ville, il faut
avoir de l’ingéniosité et beaucoup de sang froid. La vie des ses différents
désordres envahit la chassée. Et les images défilant devant nous et qui
confinent au cliché rappelle d’autres villes, d’autres banlieues du sud, livres
à elles-mêmes. Il y a des villes mais point d’urbanité. Yaoundé apparaît enfin.
On monte et on descend. « Normal, me dira plus trad. notre
accompagnatrice, Yaoundé est la ville des sept collines ». L’hôtel chois
pour loger les invités est situé dans la cité politique là où il y a la plupart
des ministères ; l’hôtel lui-même est destiné à accueillir les députés à
l’occasion de différentes sessions parlementaires. La proximité de la forêt et
d’un immense lac naturel donne au lieu une atmosphère brumeuse d’un film
asiatique.
La journée se passe à régler
différentes formalités d’installation et de familiarisation avec les lieux (…et
de régler la question incontournable du voyageur moderne celle de la
connexion : c’est désormais la question rituelle que l’on pose au
réceptionniste de l’hôtel dès qu’il nous livre le numéro de chambre !).
Le festival Ecrans noirs connaît
une audience de plus en plus importante. Une nouvelle illustration est fournie
cette année avec l’organisation d’une cérémonie d’ouverture dans les règles, la
première dans la jeune histoire du festival : tapis rouge, montée des
marches, invités VIP et belles silhouettes féminines… Elle sera
marquée notamment par la projection du film marocain, A la recherche du mari de
ma femme, une comédie de M.A Tazi datant de 1993 mais qui a bien résisté au
temps y compris loin de ses bases fassies : les déambulations de L’haj
interprété par Bachir Skirej ont séduit le nombreux public très chic qui a
envahi l’immense salle de projection du palais des congrès. Salle peu indiquée pour une projection de
cinéma, mais la conjugaison des efforts maroco-camerounais (un jeune technicien
du CCM est venu spécialement donner un coup de main à ses collègues camerounais
et superviser la projection des films marocains) a permis la réussite de la
soirée avec un accueil très chaleureux pour le film. Nouvelle preuve qu’une
œuvre ancrée dans le local est la voie royale de l’universalité !
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