La transhumance des signes
Les signes sont des éternels
nomades ! Ils voyagent entre les formes et les linges ; entre les
couleurs et les sons ; entre les supports et les medium…quand ils ne sont
pas eux-mêmes le signifié de leur signifiant. Agadir et sa faculté des lettres
proposent de les croiser comme un carrefour des signes ; aller à la
recherche du scriptural dans l’iconique et l’iconique dans le scriptural.
La question de la transposition,
concept que je préfère celui de l’adaptation a rencontré très tôt le cinéma.
Puiser dans le patrimoine dramatique universel (théâtre et roman) a constitué
d’emblée la voie royale pour passer du
cinématographe au cinéma, du spectacle forain destiné à la plèbe au septième
art. Plus tard quand sa légitimité artistique et culturelle fut assurée, le
cinéma pouvait non plus « adapter »
mais « dialoguer » sur des bases autonomes avec les
chefs-d’œuvre de la littérature et de théâtre. Sans garantie de résultat. La
renommée d’n roman n’est pas une assurance pour un succès. Tout dépend de
l’apport du cinéaste lui-même. Albert Camus a refusé de son vivant l’adaptation
de son roman L’étranger. Quand Visconti réalisa sa version du roman de camus,
ce ne fut pas son meilleur film.
Aujourd’hui, les étudiants nous
invitent à revisiter ce débat passionnant grâce à l’initiative de l’université
Ibn Zohr. Ils ont eu l’intelligence de le faire sous la tutelle de figures historiques du cinéma
et de l’enseignement du cinéma (Lagtaâ, Bénani, Chapouillé). C’est un geste
hautement symbolique qui renvoie à la noble tradition académique, celle du
partage et de la transmission dans le respect et la reconnaissance à l’égard
des maîtres et des aînés. Cela est de bon augure pour ce jeune festival
prometteur.
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