mardi 14 mars 2017

Tanger: un palmarès cinéphile et professionnel



C’est un palmarès cinéphile et professionnel qui clôt la 18ème édition du festival national du film. Il faut chercher longtemps dans l’histoire du festival pour trouver une pareille symbiose entre les attentes des cinéphiles et le verdict d’un jury. Fouad Laroui a fait gagner le cinéma. C’est une bonne nouvelle pour le cinéma marocain et pour un festival qui a subi les tirs nourris de différents détracteurs.
C’est ainsi que pour les Prix dits artistiques, les films qui ont marqué cette édition et que nous avions d'emblée défendus d’emblée se retrouvent aux premières marches du podium. Pour le grand prix, c’est une consécration quasi unanime pour Pluie de sueur de  Hakim Belabbès ; une œuvre épique et humaniste. Dès la fin de la projection, j’ai dit à mes amis « le jury peut dormir tranquille, il tient son grand prix ».  Le film a obtenu en outre le prix d’interprétation féminine pour l’excellente et généreuse Fatémazohra Bennaceur, très présente par ailleurs dans d’autres films, et le prix de la meilleure interprétation masculine, dans un second rôle, pour l’enfant trisomique Ayoub Khlafaoui.
Le Prix du jury est allé en toute légitimité à l’enfant terrible du cinéma marocain et qui ne cesse de bousculer son imaginaire, Hicham Lasri pour son Coup  sur la tête, une radioscopie des années Hassan 2 sous le signe de la satire et de la comédie noire. Projeté dès le premier jour, le film est resté en tête de la course comme une lumière éclairante. Il obtient également le prix de la meilleure interprétation masculine pour Aziz Hattab qui confirme sous la houlette de Hicham Lasri ses immenses talents.
Pour le prix de la réalisation, le jury a choisi de récompenser un historique de notre cinéma qui innove à chacune de ses nouvelles créations, Ahmed Maanouni qui a dopé le festival avec une comédie optimiste à la Frank Capra, La main de Fadma.
Deux jeunes cinéastes qui ont agréablement surpris le festival ont été récompensés, c’est Khaoula Benomar avec son Clair obscur dans le style de la nouvelle vague française et qui a certainement séduit le courant « société civile"  au sein du jury ; le film étant en effet un hymne à la solidarité intra-sociale pour sortir de l’obscurité à la lumière; il a obtenu le prix de la première œuvre : une reconnaissance pour une promesse qui vient. Le prix du scénario est allé à Mohamed Bouzaggou pour Iperita. Un film amazigh sur la guerre chimique que l’Espagne avait menée contre le Rif ; un film plein de belles choses dans son tissu de personnages, leur drame et leur rapport à la mémoire et à l’espace. j y a ai vu une inspiration à la Salah Abou Seif et Barakat le cinéma de l'âge d'or du réalisme égyptien
Les prix techniques donnent l’impression par contre d’avoir servi d’épreuves de rattrapage et de récupération en récompensant des films signés peut-être par des noms connus mais qui cette fois n’ont pas eu la main heureuse. Dommage que dans cette générosité on a omis un film qui revisite un pan oublié de notre histoire, Addour de Ahmed Baidou, sur le résistant zayd Ouhmad. Apparemment ce n’est pas encore son heure de gloire cinématographique.

Pour le court métrage, au sein d'une sélection pour une fois riches en pépites, Ulad Mhand et ses collègues ont opté pour les valeurs sûres, en récompensant des films de bonne facture technique et bien portés par de solides structures de production. Hicham Regragui avec Ima est en train de se forger une voie et un style, une bonne nouvelle pour le court métrage marocain en panne de leadership 

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