Finalement, Touria Jabrane l'a fait; la ministre de la culture est allée, en effet, à Alexandrie répondre à l'invitation du festival international du film d'Alexandrie qui lui rendait hommage en tant que artiste femme ayant accédé à un poste politique. Nous pensons qu'elle a fait le bon choix. Les organisateurs du festival d'Alexandrie ont commis une bévue en interdisant (il n'y a pas d'autre mot) le film de Nabil Ayouch déjà annoncé et programmé en ouverture du festival. Ils ont manqué d'élégance et de courtoisie à l'égard de Latef Lahlou dont le film, les Jardins de Samira a été sélectionné en compétition officielle. Latéf Lahlou n'est pas un cinéaste inconnu. C'est un des vétérans du cinéma marocain et africain. C'est un producteur d'envergure internationale. Son film a déjà décroché des prix importants au Maroc et à l'étranger. Le comportement des organisateurs du festival d'Alexandrie l'a acculé à retirer son film par solidarité également avec son collègue Nabil Ayouch.
Fallait-il aller dans le sens de la bêtise des organisateurs et céder à leur stupide provocation dont ils regrettent déjà eux-mêmes les retombées? Certains observateurs nationaux ont attendu un geste de la part de la comédienne et néanmoins ministre. L'argumentaire utilisé étant légèrement excessif ; on parle de "dignité bafouée" et réclamait un boycott de l'ensemble de la manifestation. Une telle attitude extrême est disproportionnée et inadéquate. La politique de la chaise vide n'a jamais été une bonne politique; en politique comme en art ; la surenchère relève certes d'un comportement "culturel" inhérent à la région mais n'aboutit qu'à l'impasse. La profession du cinéma par ses voix les plus autorisées a dit ce qu'il fallait dire à propos d'un comportement qui nuit principalement ses initiateurs. Le film de Nabil Ayouch a perdu une projection mais il a gagné une bataille. Il a montré sa force en tant qu'œuvre; une oeuvre artistique qui dérange ayant parvenu à dévoiler les contradictions et la bêtise des pseudo cinéphiles. La guerre de Lola n'aura pas lieu faute d'enjeux réels. Tant mieux pour le cinéma, le vrai.
Certains milieux conservateurs du cinéma égyptien ont l'habitude de déclencher ce genre d'opérations pour légitimer leur présence immuable à la tête de la profession du cinéma égyptien. Ils cherchent sans cesses des raisons d'exister… rappelez-vous les attaques incessantes contre le festival de Marrakech, les déclarations contre Mohamed Miftah à Oran…
En se comportant avec lucidité et avec intelligence, c'est une cartouche en moins qu'on leur enlève dans cette guéguerre d'un autre temps qu'ils cherchent à déclencher. D'autant plus que les relations entre le Maroc et l'Egypte sont appelées à d'autres rounds chauds autour notamment du poste du Directeur général de l'Unesco; poste brigué à la fois par le Maroc qui a mis en lice la candidature de Madame Aziza Bennani et par l'Egypte via la candidature de Farouk Hosni celui là même qui accueillait tout sourire notre ministre de la culture.
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