samedi 27 septembre 2008

Y a -t- il encore des villes?

L'été avec le temps des vacances est un moment de porter un nouveau regard sur l'espace, l'espace comme construction sociale, comme lieu qui dit l'effet de l'homme sur son environnement. Une impression qui se renforce avec le ramadan. Le mois sacré est l'occasion en effet de se retrouver dans son environnement; avec les lieux et les hommes. Ramadan, c'est la société qui se dévoile dans toute sa nature…réelle. C'est une séquence temporelle éloquente qui nous dresse un bilan accablant sur ce que nous sommes. Le ramadan c'est un miroir grossissant de nos contradictions. Pendant les vacances ou pendant ce mois on se révèle à soi même. Un exemple parmi mille qui dit où nous en sommes. La ville.
C’est la ville en effet qui fonde, qui illustre l’accès d’une communauté à un stade supérieur de la civilisation. C’est la ville aussi qui trahit et exprime l’échec d’un projet politique perçu comme projet de société.
Circuler dans une ville, médiner comme dit magnifiquement le poète Abdeouheb Meddeb informe sur le progrès, les mœurs et l’avancement de la démocratie d’un pays. C’est l’essence même de la notion de la cité forgée par les Grecs et présentée par Platon comme facteur décisif de l’éducation. C’est la cité qui éduque fondamentalement; c’est elle qui initie à la beauté; c’est elle qui nous forme à la culture de la tolérance. La cité est l’expression même de la démocratie car elle offre le lieu qui gère dans une cohabitation harmonieuse les différences d’origine ethnique, sociale ou professionnelle.
Où en sont nos “villes” par rapport à ce programme? C’est un spectacle de désolation qui s’offre au regard; partout la ville cède la place à la “préville” avec tout ce que cela peut charrier comme images primitives quand l’homme était un loup pour l’homme.
A se demander s’il y a une conscience qui préside à la gestion de nos villes. La liste des lacunes et dysfonctionnements est longue et variée. Par où commencer pour décrire la dégradation. Beaucoup de villes rayonnantes par le passé sont transformées en gros bourg miné par la criminalité et l’argent sale. C’est ainsi pour tous les fleurons de notre paysage urbain, les noyaux de leur population sont acculés à vivre au rythme de la nostalgie. La nostalgie d’un passé où l’urbanité avait un sens dans la vie quotidienne.
Bien sûr, il est stupide d’incriminer l’exode rural. Le charme de la ville est justement l’hospitalité et la convivialité: accueillir l’autre en détresse; qu’il vienne de la campagne ou d’une autre ville. La ville est un droit pour tous. La plus grande puissance du monde compte à peine 4% de ruraux. Aller à la ville est inscrit dans la logique d’une évolution qui est celle de l’humanité vers plus d’humanité.
La ville marocaine illustre un des aspects de la mutation globale que connaît notre société. Réussir la ville, c’est réussir le rendez-vous avec les temps modernes.

Aucun commentaire:

Albachado de Hassan Aourid

  L’intellectuel et le pouvoir ou la déception permanente ·          Mohammed Bakrim «  Avant d’être une histoire, le roman est une in...