Il y a beaucoup de technique dans l’écriture de
scénario, mais c’est aussi un exercice qui relève de l’art. Mon hypothèse à ce
sujet est que s’il y a des principes à connaître, ils ne suffisent pas pour
assurer la performance. Un professeur de scénario n’est pas, automatiquement,
un bon scénariste. Comme un professionnel de l’écriture ne peut former
forcément des auteurs.
Il y a fondamentalement des fonctions, distinctes.
Celle d’écrire est primordiale. Mais il y a à côté toute une machine, toute une
structure qui contribue à façonner le script, à le conduire sous bonne escorte
(c’est en général la fonction dévolue à la production), à la station d’arrivée,
celle du découpage technique prise en charge par le réalisateur. Le scénario
n’est plus alors qu’un lointain souvenir. Faut-il rappeler qu’en tant que
texte, sa durée de vie est éphémère.
Rappelons la définition du scénario telle qu’elle est
résumée par Syd Field : «Un scénario est une histoire racontée en images,
faites de dialogues et de descriptions, et placée dans une situation
dramatique». Cependant, il y a une phase essentielle dans ce processus, celui
mis en avant à Hollywood et qui consiste à apporter des régulations constantes
à l’écriture du scénario notamment par le biais de la technique dite de la
résolution de problèmes, «la résolution des problèmes fait partie du processus
créatif». C’est une opération qui peut être menée par l’auteur lui-même ou être
confiée par la production à ce que les Américains appellent un script doctor.
Le livre de Syd Field, Comment reconnaître, identifier et définir les
problèmes liés à l’écriture de scénario est destiné aux jeunes
scénaristes pour leur donner des grilles susceptibles de les aider à cerner là
où ils sentent que leur texte ne convainc pas, que leur histoire piétine. En
fait ce n’est pas seulement un problème de débutant. Tel qu’il est conçu le
livre de Field est pratiquement un aide-mémoire mettant à la disposition de tout scénariste des outils méthodologiques
de révision et d’affinement. Et cela se résume la plupart du temps à rappeler
des évidences que l’on omet dans le feu…de l’écriture. Par exemple, savoir
résoudre des problèmes, c’est savoir les reconnaître : «Si vous sentez qu’il y
a un problème, dites-vous que le scénario est peut-être trop long, trop bavard
ou que les personnages sont faibles ou inconsistants. Que pensez-vous faire
pour arranger cela ?» En bon pédagogue, Field met l’accent sur la
fonction de la question. Le tout est de savoir en effet se poser la bonne
question. A ce propos, la grande tendance veut que l’on se mette souvent à
réfléchir devant un problème à partir de la question «Pourquoi». C’est faux,
nous dit Field, «vous devez impérativement commencer chaque question par le mot
«comment». «Pourquoi» peut amener plus de trente six réponses qui paraîtront
plus ou moins correctes. Par contre quand on structure sa question par le mot
comment, on s’impose une réponse précise, celle justement qu’on doit chercher.
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