mardi 4 avril 2017

Cheval de vent de Daoud Aoulad Syad

Une idée de cinéma

Cheval  de vent de Daoud Aoulad Syad s'inscrit dans une temporalité spécifique; voir la scène d'ouverture qui propose d'emblée le tempo, avec deux rythmes opposés, le train qui passe à vive allure et une barque qui traverse une rivière...
 C’est un cinéma qui restitue un univers traversé d’ombres et de souvenirs ; de corps fatigués, de décombres. C’est un cinéma qui nous dit cette part de nous-mêmes réduite au silence ; le silence de ses plans parle éloquemment sur l’absence qui habite notre mémoire ou notre horizon. C’est parce que c’est aussi un cinéma qui part d’une écriture solide, le scénario de Cheval de vent est signé par un poète, Ahmed Bouanani, ce nomade qui nous revient du pays des mirages. Une écriture de complicité avec Youssef Fadel qui sait traduire les silences dans des répliques où l’économie du signifiant  s’ouvre sur l’incomplétude du signifié. C’est le récit de deux hommes qui partent à la poursuite d’un vague souvenir. Une tragi-comédie sur les retrouvailles, car nos deux héros reviennent  de loin. Les décombres du passé finissent par obstruer leur avenir;  comme dans Adieu Forain la quête telle l’attente se révèlent vaines. Les personnages  se retournent enfin vers eux-mêmes pour découvrir que le chemin parcouru n’est pas du temps perdu. L’interprétation est formidable avec un Mohammed Majd grand dans ses silences, dans le détail de ses gestes et un Faouzi Bensaïdi toujours authentique et généreux. Latéfa Ahrrare se découvre dans un mouvement qui nous éblouit, soulignant cet immense talent encore en friche…Un film qui propose un rythme particulier, celui qui respecte l’intelligence du récepteur et l’invite à réfléchir. Une idée de cinéma pour un beau film.

Aucun commentaire:

Albachado de Hassan Aourid

  L’intellectuel et le pouvoir ou la déception permanente ·          Mohammed Bakrim «  Avant d’être une histoire, le roman est une in...