Le ministère de la communication a remis au devant de l'actualité, la journée nationale du cinéma. Une journée célébrée tous les 16 octobre; une date choisie en hommage à la mémoire de feu Mohamed Reggab, un cinéaste disparu au moment où le cinéma marocain connaissait sa traversée de désert. C'était en automne 1990. C'était aussi à la veille de la décennie qui va connaître un tournant dans la jeune histoire du cinéma marocain. Deux films produits et sortis au tout début de cette décennie, Un amour à Casablanca de Abdelkader Lagtaâ et À la recherche mari de ma femme de Abderrahmane Tazi vont bousculer la donne et ouvrir la voie à une place prépondérante du film marocain en tête du box office. Le 16 octobre était ainsi choisi pour présenter un état des lieux et offrir une synthèse des doléances de la profession. L'exercice a été utile un laps de temps avant de devenir pratiquement ennuyeux puisque les mêmes litanies étaient reprises tantôt sur la production, tantôt sur la distribution et tantôt encore sur l'exploitation. Tous les problèmes ont été cernés, passé en revue et de guerre lasse on a décidé d'opérer une pause dans ce rituel en attendant de lui trouver une formule plus pertinente et de célébrer la journée nationale d'une manière plus adéquate à la nouvelle réalité du cinéma marocain. Car pendant ce temps là ce cinéma se traçait une destinée, une trajectoire. Il vit aujourd'hui une véritable dynamique et le cinéma est redevenu la première forme d'expression artistique de l'imaginaire collectif de la société marocaine.
Le hasard d'ailleurs de l'actualité fait que la reprise de cette journée du 16 octobre est marquée par deux nouvelles à forte charge symbolique: deux consécrations pour deux films marocains qui sont un indicateur de cette dynamique: Jihane Behar a décroché à Beyrouth le prix du scénario pour son film Shift + sup et Latif Lahlou a obtenu, à Lyon, un prix pour son nouveau long métrage Les jardins de Samira. Un homme, une femme; un vétéran, une jeune; un court, un long…la génération des pionniers et la génération de l'avenir qui se retrouvent dans ce tableau d'honneur du cinéma marocain. Et cela est plus éloquent que tous les discours…
Cela doit nous amener à une nouvelle attitude à l'égard de notre cinéma. Au moment où il contribue à forger une nouvelle image pour notre pays? Faut-il rappeler à ce propos que ce 19 octobre, le Festival international d'Abou Dhabi va consacrer une journée entièrement dédiée au cinquantenaire du film marocain. Une journée qui verra la projection du film Le temps des camarades de M. C. Tribek (programmé dans le cadre de la compétition officielle) et un prix le Black pearl sera décerné à cette occasion à un représentant du Centre Cinématographique Marocain. Ce festival à Abou Dhabi devrait nous interpeller. Voilà un petit pays qui met les bouchées doubles pour accéder à la planète cinéma. Il met les moyens et dieu sait que ce n'est pas ce qu'il lui manque. Savez-vous que le premier prix de ce festival est doté de la somme de 250 000 dollars ! des mega stars, d'Amérique, d'Europe, d'Asie… ont été invitées à force d'avions privés et de séjour luxueux. Cela se passe à quelques jours d'une nouvelle édition de Marrakech se prépare dans un esprit cinéphile, studieux et avec les moyens d'un pays, le Maroc. A Marrakech, l'Etoile d'or n'est pas dotée en argent, mais sa valeur est déjà prestigieuse. Une valeur qui n'a pas été forgée à force de pétrodollars…Mais à force d'abnégation et d'amour pour le cinéma. Il faut préserver cet esprit et se mobiliser tous pour permettre à Marrakech d'asseoir encore davantage sa prestigieuse renommée. Il faut se mobiliser tous pour donner au cinéma marocain les moyens de prolonger cette dynamique. Pour ce faire, aimer et soutenir le cinéma nous semble être la meilleure devise d'une journée de cinéma.
Mohammed Bakrim
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