Autour de Khadija
Le prophète qui aimait les femmes
Le mois du
ramadan est le mois de prédilection pour la lecture, notamment pour une
certaine lecture, celle que je qualifierais de « lecture de fond »
comme l’on dit d’une course de fond. Celle justement qui se distingue de la
lecture cette fois fonctionnelle, celle de tous les jours. Une lecture de fond
qui nous permet de ressortir ces ouvrages essentiels qui constituent justement « le
fond » d’une bibliothèque qui se respecte. Ramadan pour les Marocains,
c’est en effet le retour à des textes de théorie religieuse, à des questions de
débat philosophique mais aussi des fictions et des biographies de gens
célèbres.
Je
viens de terminer la lecture d’un roman passionnant, Khadija de Mark Halter.
Passionnant d’abord par le dispositif qui préside à sa genèse : un
intellectuel juif qui aborde une dimension inédite de la religion musulmane,
celle de la vie intime du prophète Sidna Mouhammed à travers la biographie de
son épouse, de sa compagne celle que les musulmans s’accordent à appeler à la
suite du Coran La mère des croyants. A travers un genre avéré, celui du roman
historique, à savoir une fiction fortement documentée, Mark Halter nous
transpose dans l’univers de la ville de Mekka qu’il nous transpose dans les
multiples détails de sa vie quotidienne. C’est là que s’épanouit une idylle
entre Khadija riche commerçante et forte personnalité de la communauté mekkoise
et celui qui ne fut au départ que l’un des serviteurs chargés de convoyer ses
caravanes vers les marchés du nord et du sud de l’Arabie.
Passionnant
ensuite car le roman Khadija permet de redonner une autre perspective au débat
aussi vieux que la religion elle-même sur le statut de la femme dans l’Islam.
Avec Khadija beaucoup de clichés tombent à l’eau. Nous découvrons en effet une
femme « moderne » amoureuse, combattante, n’hésitant pas à affronter
les puissants du moment à dévoiler leur lâcheté comme lors de l’épisode du
roman où une épidémie avait ravagé la ville et qui a vu ses riches fuir et
quitter la cité vers de lieux plus cléments. Le message est alors on ne peut
plus clair : il s’adresse aux femmes et aux jeunes d’aujourd’hui pour leur
offrir un modèle quasi féministe puisé dans leur héritage culturel. Mark Halter
est ainsi fidèle à la conception de Bloch sur l’histoire quand il écrit :
« l’histoire est toujours contemporaine ». Ce qu’il souligne d’une
manière encore plus explicite : « Les femmes musulmanes manquaient
sans doute d’un modèle fort, d’une héroïne. A travers "Khadija", nous
leur rappelons qu’elles n’ont pas à chercher ailleurs pour en trouver une. La
première de leur modèle n’est autre que la femme de Mahomet ».
Le prophète
lui-même est décrit d’une manière sublime dans ses rapports aux femmes. Khadija
qu’elle vénère et à qui il est resté fidèle jusqu’au bout, le roman nous en
offre de très belles scènes mais surtout avec ses enfants, les filles
notamment. Son attitude noble à l’égard de la souffrance implicite de Khadija
qui s’en veut de ne pas lui avoir donné de fils (le garçon unique, Alqassim
décède dans un accident). Sidna Mohammed fera preuve de magnanime, d’amour
paternel à l’égard de ses filles : il joue avec elles, leur accorde le
temps qu’il faut et les couvre de cadeaux. Comportement qui en fait effectivement Le prophète qui
aimait les femmes. N’est ce pas lui qui a dit « il m’a été donné d’aimer
de votre monde trois choses : les femmes, le parfum et la prière, qui est
mon suprême plaisir ». Paix et prières éternelles sur lui.
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