Lire,
voir, écouter…méditer
Le confinement renvoie à
première vue à une situation statique synonyme notamment d’inactivité. Mais
c’est juste une impression…fausse de surcroit ! En effet le confinement
peut se conjugue dans une série de verbes
d’action, les plus pertinents sont : lire, voir, écouter…et, autant que
possible se peut, écrire.
Il faut lire. Sur
support papier de préférence, se déconnecter des réseaux ; s’émanciper de
ce que nous impose l’algorithme. Lire car l’intelligence se développe sans
cesse par la variété du menu que nous lui servons. Elle risque la sclérose si
elle n’est servie que des mêmes ingrédients…les réseaux dits
« sociaux » par exemple. Il faut lui proposer un programme
généreux : lire, voir, somnoler, contempler, fixer le vide…bref être
curieux. Sauf qu’en plus, la lecture revêt de plus en plus une dimension
stratégique et relève de mesure de salubrité publique
Il faut en effet
transformer toute opportunité conjoncturelle, par exemple le confinement
aujourd’hui, le ramadan demain inchallah,
en une occasion historique pour lire,
voir, écouter…pour interroger les principaux paradigmes de la pensée ou du
moins les concepts véhiculés par le discours quotidien et qui meublent
l’horizon de l’action sans grande conviction. Des concepts dont la pertinence
de l’usage est inversement
proportionnelle au sens que chacun lui prête. Une forte visibilité sans grande
lisibilité. Donnant alors souvent l’impression d’une coquille vide qui renvoie
à un désir d’évacuer le débat d’un contenu réel.
Cette stratégie n’exclut
pas le plaisir, il en est même, si j’ose dire, le carburant. Le plaisir de
prendre un livre entre les mains ou celui de voir le générique de début qui
ouvre un film…deux moments qui instaurent un horizon d’attente ouvert sur le
rêve, l’imagination et la réflexion.
Quel programme alors
s’offrir ? Je défends l’idée de la variété et de l’éclectisme. De
l’ouverture et de l’altérite. Pour les films comme pour les livres et la
musique j’alterne en ce moment les genres, les formes, la langue d’expression.
Polar, essai, fiction, documentaire…comédie, western, thriller…musique
classique, populaire.
Côté roman policier, je
reste fidèle à mon auteur préféré, Michael Connely, le plus grand auteur de
polar non seulement aux Etats-Unis mais dans le monde. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore,
rattrapez vite ce retard en commençant par son chef d’œuvre, Le Poète. Pour ma
part j’en suis à un huitième roman de sa riche production. Il s’agit de Une
ville en feu où l’intrigue, toujours efficace s’inscrit, dans le contexte des
émeutes qui avaient mis Los Angeles à feu et à sans au début des années 1990.
Le polar côtoie sur ma
table Les mémoires de feu Abderrahim Bouabid, « Témoignages et
réflexions ». Un premier volume couvrant la période 1944- 1961 comportant
une première partie avec le regard de cet acteur majeur de la vie politique
marocaine contemporaine et une partie proposant des documents historiques
(notes, rapports, déclarations de leaders…) venant étayer et illustrer les
propos de Maître Bouabid. Avec notamment le récit palpitant de l’épisode
crucial de la gestion de la fin du protectorat et le retour de feu Mohammed
V. Une plongée dans les méandres de
pratiques politiciennes, chargées de malentendus, d’ambigüités et de
manipulations qui marqueront à jamais le devenir du pays.
Un autre livre de
souvenirs, Une vie de cinéma de Michel
Ciment, célèbre critique de cinéma français et directeur de la revue Positif.
Cinéma toujours avec une excellente monographie d’un cinéaste américain
controversé « Elia Kazan ou la confusion des sentiments (ouvrage
collectif). Auteur au sens plein du mot mais dont la carrière a été longtemps
entachée par l’épisode de son témoignage contre ses amis devant la commission
maccarthyste. Encore une fois le débat sur l’homme et son œuvre.
Côté voir, je vous
invite tout simplement à profiter à fond de l’initiative citoyenne du Centre
cinématographique marocain qui a mis en ligne une vingtaine de films marocains
offrant un large panorama de la variété et de la diversité du cinéma marocain
qui va de Abdelah Ferkouss à Tala Hadid.
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