mardi 13 décembre 2016

Abdellah Mesbahi in memoriam

Feu Abdellah Mesbahi



Je souhaite tout d’abord féliciterla Fondation du Festival International du Film de Marrakech pour cette belle initiative et remercier son Président, Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid, ainsi que ces deux vice-présidents,  M. Faïçal Laraichi et Sarim El Haq Fassi Fihri. Cette initiative a une forte portée symbolique aussi bien sur le plan humain que professionnel.
Nous honorons la mémoire d’un des pionniers du cinéma marocain, feu Abdellah Masbahi. Qu’un Festival aussi important que celui de Marrakech rende un tel hommage, témoigne, une fois de plus, de l’intérêt que le Festival porte au cinéma marocain. Les hommages posthumes qu’il rend cette année sont hautement symboliques puisqu’ils évoquent la mémoire de deux cinéastes, Abdellah Masbahi et Abbas Kiarostami. Leurs parcours et leurs choix sont très différents mais ils sont unis par l’amour que chacun d’entre d’eux porte, à sa manière, au cinéma.C’est cette passion pour le cinéma qui a poussé le Festival de Marrakech à les célébrer. Ce Festival de grande envergure n’oublie pas ses amis.
Abdellah Masbahi est en effet un grand passionné de cinéma. On dit qu’il y a ceux qui « habitent le cinéma » et ceux qui sont habités par le cinéma. Et Abdellah Masbahi est de ces derniers, car on ne peut pas dissocier entre sa vie et le cinéma ni entre le cinéma et sa vie.
Abdellah Masbahi, décédé à la fin de l’été dernier, est né dans la ville d’El Jadida. Cette ville moderne par excellence a enrichi la scène culturelle marocaine grâce à une brillante élite de créateurs dans tous les domaines. C’est dans cette ville ouverte et multiculturelle que Masbahi a décidé de faire du  cinéma un choix de vie. Pour cette raison, il s’est rendu à Paris à la fin des années cinquante et y  a reçu une formation de théâtre et de cinéma.
A son retour au Maroc, il a occupé un certain nombre de fonctions administratives dans le domaine du cinéma, mais son ambition était autre ; aussi s’envolât-il pour le Moyen Orient. Ce fut un tournant  décisif car il prit conscience de la nécessité d’un cinéma ouvert sur le public et sur ses préoccupations.
Dans les années soixante-dix, dite«  décennie des auteurs », alors qu’un groupe de jeunes cinéastes marocains remettait en cause le langage cinématographique pour créer un discours plus esthétique et radical, Abdellah Masbahi a, quant à lui, fait le choix d’utiliser le langage cinématographique dominant - dans sa variante égyptienne- pour toucher un public plus large.
Et c’est ainsi qu’on peut dire, de manière tout à fait objective, qu’il était porteur d’un projet cinématographique intégré et cohérent, dont les éléments peuvent se résumer ainsi : « pour un cinéma populaire et social à vocation internationale ».
Pour ce faire, il a concentré tous ses efforts sur trois domaines principaux :
La production : il a diversifié ses productions en vue d’une industrie cinématographique arabe commune.
La thématique : il s’est très tôt intéressé à des thèmes brûlants tels que l’hypocrisie sociale, la drogue, le radicalisme religieux, le conflit géostratégique.
Le casting : il a été l’un des premiers à faire travailler ensemble des stars locales et internationales, comme Abdelhadi Belkhayat et Souad Housni, dans une association unique en son genre.
Un projet cinématographique qui a connu aussi bien des succès que des échecs, qui a suscité débats et controversesmais qui fait, aujourd’hui, partie du patrimoine cinématographique marocain.
Abdellah Masbahi, aux multiples talents, ne nous a pas légué un seul projet. Il nous a laissé un autre projet, humain cette fois-ci, et c’est peut être l’une de ses meilleures productions. Nul doute que ce projet, par contre, fait l’unanimité. Il s’agit de la talentueuse, Imane Masbahi, réalisatrice, productrice et distributrice de films.
Je salue la mémoire du défunt et souhaite plein succès à Imane, qui perpétue l’héritage de son père. Je souhaite longue vie au cinéma marocain et à notre festival de Marrakech !

(texte traduit par les services du festival)



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