LETTRE DE MARRAKECH
Coppola
fait entrer Marrakech dans l’histoire
Lors de la soirée de clôture de la 15ème édition du FIFM,
un brin de suspense avait commencé lorsque on a décidé exceptionnellement, comme
l’a précisé le sympathique animateur de la cérémonie de clôture, l’inamovible
Laurent Weil, de commencer la présentation du Palmarès par l'attribution du
Grand prix, la fameuse Etoile d’or de Marrakech. Une tradition non écrite
voulait qu’on proclame les prix dans un ordre décroissant en commençant par les
prix d’interprétation. En changeant cet ordre, quelque chose d’insolite allait
avoir lieu. Le grand F. F. Coppola va se révéler non seulement président de
jury mais véritable maître d’œuvre de cette mémorable édition. Insolite,
l’événement qui allait suivre l’était en fait et il était surtout historique :
le palmarès va être en effet marqué par l’attribution du Prix du jury à 14 films et du coup tous les films de cette quinzième édition sont repartis avec
une récompense. C’est la première fois dans les annales des festivals qu’un tel
geste a lieu. Coppola, auteur de véritables monuments du cinéma la saga Le
Parrain et surtout Apocalypse now vient de faire preuve en tant que président
de jury d’une grande audace et surtout d’une grande intelligence à l’égard de
ce qui traverse le monde aujourd’hui comme mutations, comme contradictions
violentes et qui rendent l’idée même de compétition dérisoire. « C’est le
cinéma lui-même qui est récompensé » a précisé le cinéaste américain qui a
du coup fait entrer cette édition du festival de Marrakech dans l’histoire du
cinéma. Coppola avait annoncé la couleur en déclarant précédemment que le
cinéma change devant nous. Avec son palmarès inédit, il semble nous dire tout simplement
que le cinéma est en danger. Ce faisant il a signifié par son geste un acte de
résistance politique à l’égard du formatage des esprits par la standardisation
des images. Marrakech lui a fourni cette occasion parce que le festival respire
encore de la fraîcheur ne dépendant pas de grandes compagnies de production et
ne subissant pas les pesanteurs d’un marché de films…fraîcheur également de sa
ligne éditoriale ouverte cette année davantage encore sur des œuvres jeunes et
abordant des thématiques sociales et culturelles.
Pour le palmarès lui-même, le
prix de l’interprétation masculine est allé sans surprise à l’acteur du film
islandais, Le géant imide, le public
l’ayant déjà plébiscité. Le film aurait également remporté facilement le prix
du public tant il dégage de nobles sentiments. Le prix d’interprétation
féminine récompense la jeunesse avec la victoire de l’actrice du film belge, Keeper, Galatea Bellugi ; la
concurrence était serrée, cette édition marquée par des premiers rôles féminins
très forts.
Le prix de la meilleure
réalisation est certainement la plus emblématique de cette édition, il est allé
au film le plus ambitieux, le plus porté par un travail de cinéma, Neon Bull du
brésilien Gabriel Mascaro.
L’étoile d’or attribuée au film
libanais Very big shot est une surprise totale. Certes le film est une comédie
légère qui se laisse lire comme une parabole du drame libanais, mais il n’a pas
convaincu le noyau cinéphile des festivaliers. C’est un geste aux connotations
politiques certaines. Il faut dire que Marrakech porte chance au Liban puisque
c’est la deuxième fois qu’un pays du cèdre décroche le grand prix de la ville
ocre, Ziad Douiri l’avait en effet emportée en 2012, avec L’attentat.
1 commentaire:
Non,non et non.Certes le palmarès de cette édition du F.I.F.M.est bien inédit,c'est tout simplement parce qu'il ne bénéficie pas encore de l'agrément de la Fédération Internationale des Producteurs de Films,laquelle n'aurait jamais admis qu'un prix de la compétition officielle soit attribué à tous les films participants,ce qui est un non sens et anti-professionnel.
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