La ville de Dakhla abrite depuis le 4 mai la deuxième édition des rencontres cinématographiques internationale. Des Rencontres nées à Laayoun et qui ont choisi cette année, pour des raisons principalement de logistique de s'installer à Dakhla. Choix judicieux car la ville, en effet, s'y prête merveilleusement bien. C'est une cité agréable à vivre, accueillante et ouverte sur de vastes étendues du côté de l'océan comme du côté du splendide désert qui en fait sa perle…Cette découverte est l'une des conséquences de la dynamique actuelle du cinéma marocain: il redessine à sa manière la carte du Maroc; en l'occurrence, les rencontres de Dakhla prolongent très loin la réception du film marocain (et autres) lui permettant d'aller à son public aux confins des racines africaines de notre identité plurielle…ce faisant ces rencontres offrent aussi à la production imaginaire de nouveaux horizons. Dakhla est ainsi le titre générique d'un scénario futur qui reste à écrire et dont les ingrédients dramaturgiques sont déjà là; et notamment ce merveilleux espace s'étalant à l'infini…le cinéma crée son propre espace, c'est l'espace filmique comme résultat de la captation par la caméra et de la restitution par le montage, par les mouvements d'appareil et les effets de lumière. Mais le cinéma se crée aussi à travers l'espace qu'il filme. Le cinéma américain est d'abord le fruit de l'espace américain. Le western, genre américain par excellence, est le produit d'une histoire mais aussi et surtout de la géographie. Ce que nous gardons d'un western, sa scène fondatrice, c'est l'arrivée d'un protagoniste dans un lieu. Ce que l'on appelle techniquement le Plan américain est la résultante de cette rencontre.
Les cinéastes marocains, les comédiens, les professionnels venus des pays amis ont été d'emblée éblouis par l'espace de Dakhla: à la sortie de l'avion, l'aéroport offre, dans la lumière crépusculaire d'une journée saharienne, un merveilleux panorama. En circulant dans la ville située dans une baie étendue sur des kilomètres, le regard capte les signes vierges d'une configuration filmique éloquente au premier degré. C'est l'espace comme discours en soi. Reste à l'inscrire dans une dramaturgie. C'est la nouvelle dimension qui s'ouvre/s'offre au cinéma marocain. Cela est venu à temps. D'autant plus que du point de vue des choix stratégiques du développement de la région, l'option culturelle est présente: Dakhla propose une multitude d'activités autour notamment des pratiques liées au sport de la mer. Cela génère déjà une infrastructure d'accueil digne des grandes métropoles. Les productions cinématographiques nationales et internationales trouveront un terrain déjà balisé. C'est un nouveau pôle qui se dessine en perspective.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire