mardi 19 janvier 2016

Adieu Laila Alaoui, adieu l'artiste

Un ange est passé

Son corps gracile et son âme d’artiste n’ont pas résisté aux balles des terroristes : la brillante photographe et vidéaste marocaine Leila Alaoui a succombé à ses blessures. Elle était attablée à la terrasse d’un café à Ouagadougou, le soir d’une journée de travail, prenant son dîner et conversant via Skype avec sa maman…Quand l’horreur a fait subitement irruption… « Venez m’aider ! », a-t-elle lancé dans un cri d’espoir. Blessée, elle a été hospitalisée et a subi une lourde et délicate opération au niveau du poumon. Je comptais lui envoyer un message : « Leila, tiens bon ! » ; simple  à l’image de son relationnel et de son mode de vie : toujours souriante ; toujours disponible. Elle aimait les gens, les humbles, les sans-grades…et elle n’a pas hésité à transformer cet amour en passion professionnelle en faisant des images et de la photographie son langage pour parler le monde.
Elle était venue à Tanger lors d’un festival de cinéma. C’était en 2009-2010. Je connaissais ses travaux. On a discuté autour d’un album qu’elle avait consacré à des artistes et intellectuels marocains. C’est un cadeau aujourd’hui qui m’est cher. Je lui ai donné un coup de main pour installer ce qu’elle avait appelé « un studio mobile » où elle avait invité des gens de la profession du cinéma : cinéastes, comédiens…Je suivais avec admiration sa patience, le temps qu’elle consacrait à chaque « sujet » ; mettant les gens à l’aise pour capter le meilleur d’eux-mêmes. Un rapport aux humains que ne nie pas leur humanité.
Avant d’aller à Ouagadougou, elle avait assisté à l’inauguration de son exposition à la célèbre Maison européenne de la photographie à Paris. Une exposition intitulée justement Les Marocains. Le hasard tragique en a fait son ultime cadeau à son pays et à son peuple. Leila ayant toujours tenu à célébrer sa diversité enrichissante, avec des photographies d’une beauté extrême, loin de tout esthétisme artificiel ou exotisme déguisé.
Leila, repose en paix ; tu es partie car tu représentes tout ce que ce monde fou abhorre : la beauté, la jeunesse, l’intelligence, l’altérité positive, l’amour de la vie et des gens.

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