dimanche 28 octobre 2012

weekend à Bruxelles

vendredi 26 octobre
il fait un temps splendide ce matin à Casablanca quand je quitte ma résidence vers l'aéroport; un peu froid, il vient de pleuvoir...du coup les gens qui reviennent de la grande prière de l'aid arborent un sourire qui annonce une journée de fête. de beaux habits, enfant, adultes, vieux...mais peu de femmes, elles sont restées à la maison . tous sont matinaux; normal le programme s'annonce chargé marqué de rituels ancestraux. mon fils qui conduit la voiture se sent un peu gêné de fondre au milieu de cette foule quasi compacte..
mais très vite nous retrouvons une atmosphère plus apaisée sur l'autoroute du sud qui nous mène vers l'aéroport...
contrairement à ce que je croyais je n'étais pas le seul à rater la grande fête sacrée; beaucoup de monde en effet anime le grand hangar qui sert de Terminal 1; des étrangers mais aussi de nombreux nationaux; je remarque que la destination Milan connaît une grande affluence alors que nous sommes quelques uns à enregistrer pour Bruxelles. Plus tard je découvre que l'avion sera quand même pratiquement plein. je passe la doaune (l'agent me demande si j allais à Istanbul) et je me présente au guichet de la police des frontières; geste que je fais toujours avec un léger pincement au coeur; j appartiens à une génération qui n aime pas voir la police fouiner dans ses dossiers comme si nous avions toujours la hantise de ces années dits de plomb quand nous jouions à cache cache avec les services de sécurité. mais les temps ont changé et souvent les jeunes proposés à cette tache me demande comment va le cinéma marocain et me souhaitent un bon voyage
j'ai la chance et le bonheur de faire le voyage avec la chorégraphe marocaine B. O: charme, finesse et compétence. elle me raconte le périple artistique qui l' a menée au pays de l'oncle Sam. c'est une grande voyageuse. l'Afrique, le monde arabe, l'Europe et maintenant l'Amérique...partout elle a montré ses travaux.
j'ai eu la chance de faire sa connaissance à Marrakech dans un contexte humain et culturel d'une grande finesse avec des gens splendides que je respecte et aime beaucoup...Elle aussi fait le voyage en Belgique dans le cadre de l'évènement Daba Maroc où elle va présenter un travail réalisé presque en direct avec l'écrivain Abdellah Taia. je lui montre le nouveau numéro du magazine cinémag; elle se l'est tout de suite accaparée, lisant la plupart des articles; fidèle à son tempérament vif et lucide elle me fait des remarques pertinentes à la fois sur le format qu'elle trouve peu commode et sur le contenu ayant relevé que certains articles manquaient de fluidité
l'avion arrive à l'heure convenue à l'aéroport de Bruxelles;  les formalités sont vite liquidée (il n y a pas beaucoup de monde) et nous retrouvons dans le hall d'arrivée le sympathique Hugo de l'équipe d'organisation qui remet nos documents et nous dirige vers le taxi. 
la première impression confirme notre présence en Europe: il fait gris et il pleut; une pluie fine qui dans ma mémoire est toujours liée aux voyages dans les villes du nord. c'est la première fois que je foule le sol belge. le taxi peine à avancer les embouteillages sont monstres weekend; vacances et surtout le quartier où nous sommes bloqués abrite la plupart des organismes européens. on arrive, finalement à l'hôtel; très bien situés au centre la ville et surtout pas très loin de ce qui va être notre lieu de travail, les halles. les halles justement que nous rejoignons très vite à peine nos bagages installés dans nos chambres car je ne voulais rater le spectacle de la soirée un récital de musique, de chant et de poésie avec deux grands artistes Abdellatif Laabi et Naziha Miftah. celle-ci est une amie et camarde que je n ai plus revue depuis les années 80, elle a une voix splendide, une beauté d'ange et une présence faite de charme et de grâce. le poète Laabi lisait ses textes en arabe et en français que Naziha reprenait de sa belle voix. j'ai eu le plaisir de suive ce spectacle avec mon amie la documentariste Simone Bitton; en rentrant ensemble vers notre hôtel nous avons le tour des grandes questions de l’actualité cinématographique marocaine. Simone enseigne aussi à Marrakech
Samedi 28 octobre

jeudi 4 octobre 2012

mes chroniques tangéroises


Le court des grands

Dix ans, c’est court du point de vue de la perspective historique ; mais c’est riche, intense et sans cesse prometteur du point de vue de l’expérience historique ; en l’occurrence celle du festival du court métrage méditerranéen de Tanger qui se retrouve aujourd’hui pour sa dixième édition, dix ans après cette initiative,  intelligente, généreuse et ambitieuse de lancer cette manifestation en ce  jour béni du mois de juin 2002. Honneur aux pionniers qui, dans le cadre du mouvement de dynamique générale que vivait le Maroc, ont invité le cinéma à faire partie de ce nouvel acte fondateur d’un Maroc qui bouge, crée et voit grand…La suite, on la connaît. Ceux qui ont pris le relais ont assumé l’engagement de départ et le jeune festival de Tanger a patiemment et passionnément  placé ses marques comme un rendez-vous essentiel pour le court métrage méditerranéen et une adresse de choix dans la carte de la cinéphilie mondiale…
Une programmation ouverte et cohérente, une ambiance conviviale, un public chaleureux et des débats continus…en sont les grandes lignes…Des jeunes cinéastes de « la mer blanche du milieu », ont réussi leur baptême de feu ici, d’autres ont confirmé un bon démarrage et pour d’autres ce fut tout simplement le tremplin heureux vers d’autres horizons…dans tous les cas de figure, c’est le court métrage et le cinéma qui sont, à Tanger, le centre d’intérêt, le point de référence. Le hasard de la programmation de cette année nous en offre une autre confirmation avec la présence de deux grands noms de cinéma pour nous dire ou plutôt pour nous rappeler, en cette édition anniversaire, que le court métrage n’a pas d’âge comme il n’a pas de frontières et qu’ il relève plutôt d’un choix esthétique et artistique.  C’est le message de la présence de Moumen Smihi et de son beau court métrage Si Moh pas de chance (1970) dans la cérémonie d’ouverture et du court métrage, The wholly family, d’une figure illustre du cinéma international, Terry Gilliam, en compétition officielle !!! un montage original est ainsi proposé, entre les générations, les appartenances géographiques culturelles et artistiques…
Fadel Chouika, Terry Gilliam…en lice dans la même compétition officielle, le pari fondateur de Tanger a été tenu !
Si Moh,  une chance !
D’emblée dans le vif du sujet avec la sobre soirée d’ouverture marquée pourtant par un événement solennel celui de rendre hommage aux dix ans du festival (2002-2012). Dans le vif du sujet, car les discours extra-cinématographiques induits par le cérémonial étaient portés par ce désir de dire la méditerranée célébrée dans l’une de ses villes phares, Tanger, par l’image et le son. Et c’est un méditerranéen invétéré qui prit la parole deux fois pour  dire à sa manière ce rapport viscéral entre Tanger et le cinéma entre Tanger et la méditerranée ; Moumen Smihi deux fois fois, c’est-à-dire par un discours d’introduction de son film et par son film lui-même qui fut un moment plein d’attention, de curiosité et d’empathie pour cette œuvre, Si Moh, pas de chance (1970) pratiquement insolité car rarement vu si ce n’est jamais vu dans des conditions de projections correctes, c’est-à-dire cinématographiques. Le moment fut donc cinéphile, culturel et pédagogique.
Au moment où le festival a instauré (a institutionnalisé !) une séquence autonome (un pléonasme ? en principe toute séquence est autonome !) dédiée aux films d’école voilà que la cérémonie d’ouverture elle-même est porteuse de vertus didactiques avec un court métrage qui porte certes les conditions de sa production (voire de sa conservation) mais qui ne manque pas d’indiquer aux jeunes cinéastes d’aujourd’hui ce que peut-être un rapport au cinéma. Le court métrage de Moumen Smihi est une leçon de cinéma dans sa modestie et dans son éloquence. Tout simplement parce qu’il va à l’essentiel : ce qui fait un film (court ou long, la durée n’a plus alors de signification particulière), c’est d’abord un regard et un point de vue ; un regard sur le monde et un point de vue sur le cinéma. Celui-ci exprimant bien celui-là : un travail sur l’image plan par plan ; le recours à l’image fixe ; un montage original qui sort des sentiers battus de la narration standard et une b

Carrefour d’imaginaires
                                                                   « N’oubliez pas les ciseaux ! »
Eisenstein
Un regard, un brin anthropologue, n’aurait pas manqué de relever ce hasard heureux qui a mis en ouverture de la première projection officielle du festival, celle du mardi matin dédiée aux films d’école,  une séquence gnaouie comme dans la pure tradition mystique de se référer à ce rituel consistante en tahdart pour saluer « les propriétaires des lieux » et se prémunir des « démons et autres forces obscures » ! C’était, en effet, émouvant de voir la salle Roxy, vibrer aux rythmes, qui puisent dans le métissage des signes culturels qui font de notre identité plurielle. Le film, un court métrage documentaire présenté par un lauréat du département du cinéma de la faculté de Marrakech, était d’une grande sincérité et plein de promesse. Sa première partie tient la route avant de céder à ce défaut presque inhérent aux œuvres scolaires et que nous retrouvons, à des degrés divers dans les autres films des autres instituts, celui de la surcharge discursive et thématique. D’où cette citation en exergue que nous avons empruntés au maître du cinéma soviétique des années 20 « n’oubliez pas les ciseaux ! » qu’il avait affiché à la porte de son bureau de travail. Saluons au passage la qualité générale des films présentés, ce qui est de bon augure pour l’avenir de notre cinéma,   avec des films coup de cœur comme le très beau Zahra de Houda Lakhdar et l’exercice réussi de Zahra Sadik et Mustapha Aboulfath ; bon vent les amis…
Chez leurs ainés de la compétition officielle, l’offre fut riche, diversifiée et éloquente en termes d’expression d’imaginaires. La méditerranée était là, imagée, dans un faisceau de lumière projetant rêves, angoisses, interrogations et incertitudes. Un imaginaire pluriel exprimé à travers des approches tout autant diversifiées. Allant de la grande possibilité de jeu avec les images qu’offre le numérique comme dans  l’espagnol Memory ou le chypriote Stahia… à des structures plus de facture classique (au sens positif du mot car exprimant une grande maîtrise des outils de mise en scène) comme dans le grec Buyout ou dans Easter Eggs. Comme il y a eu des idées qui ne sont pas allés très loin (le turc The bus, dommage la chute est ratée) ou des films qui ont marqué la salle ( Four walls Sarajevo) ou tout simplement le coup de cœur de la journée, avec le français, Ce chemin devant moi…
P. S : dédicace spéciale à l’élégante membre du jury Safinez Bousbia en hommage à son bijou de documentaire El Gusto ; je l’ai vu il y an et il m’habite encore. Merci.ande son en contre-point. Moumen Smihi dessinait en filigrane ce qui sera son programme esthétique, confirmé par sa filmographie de longs métrages: un plan de film bien construit peut suffire à témoigner des choix fondamentaux d’un cinéaste. N’est-ce pas une bonne introduction à l’économie du court !

Carrefour d’imaginaires
                                                                  « N’oubliez pas les ciseaux ! »
Eisenstein
Un regard, un brin anthropologue, n’aurait pas manqué de relever ce hasard heureux qui a mis en ouverture de la première projection officielle du festival, celle du mardi matin dédiée aux films d’école,  une séquence gnaouie comme dans la pure tradition mystique de se référer à ce rituel consistante en tahdart pour saluer « les propriétaires des lieux » et se prémunir des « démons et autres forces obscures » ! C’était, en effet, émouvant de voir la salle Roxy, vibrer aux rythmes, qui puisent dans le métissage des signes culturels qui font de notre identité plurielle. Le film, un court métrage documentaire présenté par un lauréat du département du cinéma de la faculté de Marrakech, était d’une grande sincérité et plein de promesse. Sa première partie tient la route avant de céder à ce défaut presque inhérent aux œuvres scolaires et que nous retrouvons, à des degrés divers dans les autres films des autres instituts, celui de la surcharge discursive et thématique. D’où cette citation en exergue que nous avons empruntés au maître du cinéma soviétique des années 20 « n’oubliez pas les ciseaux ! » qu’il avait affiché à la porte de son bureau de travail. Saluons au passage la qualité générale des films présentés, ce qui est de bon augure pour l’avenir de notre cinéma,   avec des films coup de cœur comme le très beau Zahra de Houda Lakhdar et l’exercice réussi de Zahra Sadik et Mustapha Aboulfath ; bon vent les amis…
Chez leurs ainés de la compétition officielle, l’offre fut riche, diversifiée et éloquente en termes d’expression d’imaginaires. La méditerranée était là, imagée, dans un faisceau de lumière projetant rêves, angoisses, interrogations et incertitudes. Un imaginaire pluriel exprimé à travers des approches tout autant diversifiées. Allant de la grande possibilité de jeu avec les images qu’offre le numérique comme dans  l’espagnol Memory ou le chypriote Stahia… à des structures plus de facture classique (au sens positif du mot car exprimant une grande maîtrise des outils de mise en scène) comme dans le grec Buyout ou dans Easter Eggs. Comme il y a eu des idées qui ne sont pas allés très loin (le turc The bus, dommage la chute est ratée) ou des films qui ont marqué la salle ( Four walls Sarajevo) ou tout simplement le coup de cœur de la journée, avec le français, Ce chemin devant moi…
P. S : dédicace spéciale à l’élégante membre du jury Safinez Bousbia en hommage à son bijou de documentaire El Gusto ; je l’ai vu il y an et il m’habite encore. Merci.

Qui peut voir…
Le public a découvert, ce mercredi, les deux premiers films marocains en compétition officielle. Il s’agit de Comme ils disent de Hicham Ayouch et The target de Munir Abbar. Jeudi et vendredi trois autres courts métrages complètent la sélection 2012. Cinq films qui disent d’abord une réalité en termes de production et de tournages ; bon an mal an, le Maroc peut disposer en effet d’une centaine de courts métrages émanant de structures de production diversifiée. Une diversité que nous retrouvons en amont déjà, c’est-à-dire au niveau des générations et de leurs parcours. Abbar et Ayouch sont par exemple issus de la génération de la diaspora (France et Allemagne) ; les autres réalisateurs présents en compétition officielle confirment cette diversité. Les parcours aussi sont atypiques. Beaucoup sont issus directement de la production, d’autres sont venus à la réalisation de la cinéphilie. On attend encore les jeunes issus des écoles de cinéma. Qu’est cela donne et exprime en termes artistiques et esthétiques ? là encore nous retrouvons une diversité d’approches. Par exemple, Abbar reste fidèle à son désir d’aborder de front des thèmes et des sujets d’actualité centrés sur l’expression de l’altérité, le rapport à l’autre avec les conséquences que cela induit comme quête et mouvement dans l’espace ou dans le rêve. Le choix du titre The target aux connotations militaires évidentes dit bien cette insistance. Le héros de son film porte un nom emblématique Tarik ; l’ancêtre en quelque sorte des « brûleurs » et qui a instauré dans l’imaginaire local le rêve définitif d’une Andalousie devenue un eldorado inaccessible…tout cela est porté par un beau travail au niveau de l’image flirtant avec l’esthétique de la publicité…
Chez Hicham Ayouch qui revient ici au court après avoir déjà entamé une carrière de long, la focalisation s’opère au niveau d’un système de personnages désaxés en rupture avec la doxa.  Avec les valeurs dominantes. C’est en général un univers insolite travaillé à bras le corps par un montage incisif, aux antipodes du récit réaliste. Des êtres singuliers servi dans des formes singulières mobilisant les signes dans une démarche qui invite le récepteur à un autre dispositif de réception…à l’instar de ce que dessine en filigrane le court métrage grec The Attic en posant la question du voir : la jeune fille et son grand-père parviennent, dans leur complicité, à voir ce que les autres ne voient pas…




Albachado de Hassan Aourid

  L’intellectuel et le pouvoir ou la déception permanente ·          Mohammed Bakrim «  Avant d’être une histoire, le roman est une in...