mercredi 2 janvier 2013

télé-critique

La caméra pudique de 2M et la cravate du ministre
questions de corps
Une autre illustration de la problématique de la représentation médiatique du corps, et du corps féminin, surtout nous a été fourni lundi, lors de la traditionnelle soirée de fin d'année sur 2M. un menu riche a été concocté à l'occasion, composé essentiellement de variétés issues du répertoire populaire mais massacrées par le rythme imposé par le flux télévisuel; on a fait dans le trop plein plus que dans le respect du rythme inhérent à chaque style. bref, un touche à tout pour faire plaisir aux...annonceurs! le contrat est rempli; on distribue quelques cachets et puis basta...l'art en soi n'est pas le sujet préféré d'une certaine télévision ( à côté la chaîne émiratie Dubaï, pour clore l'année, a présenté in extenso un concert de musique classique!!!!!). 
Parmi les variétés proposées ce soir-là donc, sur 2M, il y avait la sympathique troupe des Frères Bouazzaoui qui réhabilitent avec classe et savoir faire la grande tradition de Aïta; en fait la troupe à elle seule méritait une soirée entière. Pour clore leur hâtive prestation, deux magnifiques danseuses de la troupe, sont sorties des rangs et sont passées faire un numéro de danses spécifiques comme cela se fait dans tout cérémonial des cheikhates. c'est ainsi que nous avons assisté alors à un jeu de cache cache entre ces corps qui proposent des ondulations évocatrices et les caméras de 2M. hésitant sur le point de vue à adopter: comment filmer le corps sans verser dans la vulgarité ni dans la fausse pudeur? incapable de trouver la réponse, la caméra de 2M se réfugie alors dans zooms absurdes tantôt sur le violon d'un des musiciens, tantôt sur le visage de l'un des frères Bouazzaoui alors que l’essentiel se déroulait ailleurs. un plan d'ensemble, alimenté de judicieux mouvements de caméra aurait permis de donner à cette belle séquence une dimension esthétique télévisuelle sans amputer la séquence de son climax!
ce n'est pas le geste de la danseuse qui crée la gêne, c'est le regard que l'on porte sur lui. la pornographie est une construction de regard, une mise en scène du corps! les régisseurs de la soirée de 2m préfèrent, dans une démarche de faux dévots, évacuer le problème en enfermant le corps dans le hors champ. une manière peut-être de développer l'imagination chez des spectateurs frustrés.
cravate encore!
on ne peut pas dire que la prestation du ministre de la communication mardi soir sur tvm était entièrement à sa faveur. globalement d'ailleurs on peut dire que notre jeune ministre de la communication souffre d'un déficit de... communication. on sent qu'il est mal conseillé, mal coaché comme on dit aujourd'hui...à commencer par le niveau de l'image et de ce que les théoriciens classent dans le langage silencieux: les gestes, les costumes.../ on ne vient pas dans une émission de télévision, émission phare du débat politique (ça c'est un autre sujet: l'impact des débats télévisés sur le débat public est une vaste problématique qui touche le coeur  de la démocratie) sans une attention particulière à...la couleur de sa cravate. certes, mettre une cravate relève déjà, d'après certaines analyses, des concessions faites par nos islamistes au devoir d'intégration au système démocratique en vogue dans le monde. un effort qui ne s'arrête pas là parce que cela suppose aussi d'autres efforts de conformités aux règles de la circulation de l'image d'une personnalité publique. ici, il y a déjà  un problème de congruence avec la ligne éditoriale vestimentaire de l'animateur de l'émission qui a avait appelé, aux débuts de lancement de l'émission solennellement ses invités officiels à laisser leur cravate aux vestiaires , la cravate étant a assimilé dans l'imaginaire des gens à la langue de bois, au discours officiel...mais on ne peu pas dicter à son ministre de tutelle la règle de conduite vestimentaire même si une remarque s'imposait sur la correspondance des couleurs avec les choix de lumière sur un plateau devraient un service offert gracieusement aux invités qui ne font pas la différence entre passer à la télé et être invité chez ses voisins. cette question de couleur n'est pas fortuite: elle génère du bruit (au sens communicationnel) et crée une sorte de diversion du regard.
ceci est d'autant délicat que son principal contradicteur, Soufiane Khairate, était venu dans une tenue décontractée et un look jeune.
face à ce jeune loup ittihadi, formé à la bonne école de Mohamed Elgahs, M. Elkhaklfi a adopté une tactique non adaptée au contexte.  il a joué, pour user d'une métaphore footballistique, à la Mourinho: sous tension, pressé de marquer des points. si j'étais son coach, je lui aurai plutôt conseillé de jouer à la Gardiola- Vilanova: garder au maximum la balle/la parole; ne jamais être sur la défensive; jouer la séduction et chercher à marquer des points par accumulation et non par KO. le match, pardon, l'enjeu était pour lui facile d’autant plus que politiquement il avait des arguments plus solides: son parti vient de remporter haut la main les élections partielles et les Marocains soutiennent dans leur majorité le programme de réforme de l'actuelle majorité. 
alors un conseil si elkhalfi: regarder de temps en temps les matches du Barça et les frères Bouazaoui...on live et non sur vos chaînes de télévision

Albachado de Hassan Aourid

  L’intellectuel et le pouvoir ou la déception permanente ·          Mohammed Bakrim «  Avant d’être une histoire, le roman est une in...