samedi 27 juin 2015

le prophète qui aimait les femmes

Autour de Khadija
Le prophète qui aimait les femmes

Le mois du ramadan est le mois de prédilection pour la lecture, notamment pour une certaine lecture, celle que je qualifierais de « lecture de fond » comme l’on dit d’une course de fond. Celle justement qui se distingue de la lecture cette fois fonctionnelle, celle de tous les jours. Une lecture de fond qui nous permet de ressortir ces ouvrages essentiels qui constituent justement « le fond » d’une bibliothèque qui se respecte. Ramadan pour les Marocains, c’est en effet le retour à des textes de théorie religieuse, à des questions de débat philosophique mais aussi des fictions et des biographies de gens célèbres.
  Je viens de terminer la lecture d’un roman passionnant, Khadija de Mark Halter. Passionnant d’abord par le dispositif qui préside à sa genèse : un intellectuel juif qui aborde une dimension inédite de la religion musulmane, celle de la vie intime du prophète Sidna Mouhammed à travers la biographie de son épouse, de sa compagne celle que les musulmans s’accordent à appeler à la suite du Coran La mère des croyants. A travers un genre avéré, celui du roman historique, à savoir une fiction fortement documentée, Mark Halter nous transpose dans l’univers de la ville de Mekka qu’il nous transpose dans les multiples détails de sa vie quotidienne. C’est là que s’épanouit une idylle entre Khadija riche commerçante et forte personnalité de la communauté mekkoise et celui qui ne fut au départ que l’un des serviteurs chargés de convoyer ses caravanes vers les marchés du nord et du sud de l’Arabie.
Passionnant ensuite car le roman Khadija permet de redonner une autre perspective au débat aussi vieux que la religion elle-même sur le statut de la femme dans l’Islam. Avec Khadija beaucoup de clichés tombent à l’eau. Nous découvrons en effet une femme « moderne » amoureuse, combattante, n’hésitant pas à affronter les puissants du moment à dévoiler leur lâcheté comme lors de l’épisode du roman où une épidémie avait ravagé la ville et qui a vu ses riches fuir et quitter la cité vers de lieux plus cléments. Le message est alors on ne peut plus clair : il s’adresse aux femmes et aux jeunes d’aujourd’hui pour leur offrir un modèle quasi féministe puisé dans leur héritage culturel. Mark Halter est ainsi fidèle à la conception de Bloch sur l’histoire quand il écrit : « l’histoire est toujours contemporaine ». Ce qu’il souligne d’une manière encore plus explicite : « Les femmes musulmanes manquaient sans doute d’un modèle fort, d’une héroïne. A travers "Khadija", nous leur rappelons qu’elles n’ont pas à chercher ailleurs pour en trouver une. La première de leur modèle n’est autre que la femme de Mahomet ».  
Le prophète lui-même est décrit d’une manière sublime dans ses rapports aux femmes. Khadija qu’elle vénère et à qui il est resté fidèle jusqu’au bout, le roman nous en offre de très belles scènes mais surtout avec ses enfants, les filles notamment. Son attitude noble à l’égard de la souffrance implicite de Khadija qui s’en veut de ne pas lui avoir donné de fils (le garçon unique, Alqassim décède dans un accident). Sidna Mohammed fera preuve de magnanime, d’amour paternel à l’égard de ses filles : il joue avec elles, leur accorde le temps qu’il faut et les couvre de cadeaux. Comportement  qui en fait effectivement Le prophète qui aimait les femmes. N’est ce pas lui qui a dit « il m’a été donné d’aimer de votre monde trois choses : les femmes, le parfum et la prière, qui est mon suprême plaisir ». Paix et prières éternelles sur lui.

mercredi 24 juin 2015

Signature du livre Le plus beau métier du monde à Casablanca

Le plus beau métier du monde
 critique de cinéma
Signature du livre et débat autour du cinéma de Latif Lahlou

date : vendredi 26 juin 2015 à 22h
lieu Cinéma Ritz  Casablanca



samedi 13 juin 2015

livre Bakrim: entretien Maroc Hebdo

Le plus beau métier du monde!!!!


Le public est plutôt cinéphage que cinéphile!

Mohammed Bakrim a accordé  un entretien à  Maroc Hebdo à l’occasion de la parution prochaine de son nouveau livre «  Le plus beau métier du monde, critique de cinéma ». Kenza Alaoui a présenté ainsi son entretien : 
En 1913, Charles Péguy disait : « le plus beau métier du moderne, après le métier de parent…c’est le métier de maître d’école ». Aujourd’hui, pour Mohammed Bakrim c’est plutôt celui de critique de cinéma qui mérite ce qualificatif !






1 – Votre livre « Le plus beau métier du monde, critique de cinéma » sortira bientôt au Maroc. Pouvez-vous nous le présenter ?
  Le livre porte en sous-titre « Chroniques cinématographiques 3 » ; il fait ainsi suite à mes deux précédents opus « le désir permanent » consacré à un volet plus théorique et « Impressions itinérantes » qui est le fruit de mes voyages à travers quelques festivals (Cannes, Berlin, Dakar…). Ce troisième volet est plus centré sur les films, des entretiens avec les cinéastes et les  festivals de cinéma au Maroc notamment Marrakech et Tanger.
2-  En quoi ce métier est-il beau, voire le plus beau?
C’est le plus beau métier du monde car un critique c’est quelqu’un qui est payé pour voir des films alors que les autres sont obligés de payer pour voir des films ou aller dans des festivals…N’est-ce pas merveilleux !!!!!!!
3 –Comment se porte la critique cinématographique au Maroc ?
  La critique comme je viens de la décrire, au sens professionnel,  n’existe pas au Maroc ; il y a simplement des cinéphiles qui exercent une fonction critique.
4 –Pourquoi, elle n’arrive pas à se développer chez nous?
 La critique naît d’un double besoin celui de la profession et celui des médias. Au Maroc ce besoin ne s’est jamais fait sentir
5- Quelle est la véritable mission d’un critique et quel est son objectif ?
 L’objectif de la critique est triple : informer, analyser et évaluer ! En dehors de cela, c’est de la littérature.
6 –Est ce qu’on peut dire qu’aujourd’hui le public est plus cinéphile et donc plus exigeant, puisqu’il a plus facilement accès aux films ?
 Le public est plutôt cinéphage que cinéphile. La cinéphilie a disparu de l’espace public ; les films sont reçus par fragments (voir l’affaire Much moved) la youtubisation des images est aux antipodes de la cinéphilie.
7- Pensez-vous que la critique a une influence sur la réussite ou non d’un film au Maroc?
 L’apport de la critique est plus du côté de la légitimité artistique que de l’influence sur le guichet : Said Naciri et Abdellah Ferkouss n’ont pas besoin de mes articles pour exister (moi-même je vais voir leur film en tant que spectateur du samedi soir)…
8 – - Qu’est ce qui a déclenché chez vous l’envie de faire de la critique de cinéma?
 L’envie de prolonger le plaisir et de le partager ; je suis imprégné de la culture du partage et de la transmission
9 -  Aujourd’hui vous avez un blog (assaiss-tifaouine.blogspot.com). Pensez-vous qu’Internet pourrait contribuer à mieux développer la critique de cinéma ?
Internet est une auberge espagnole où il y a de tout…pour s’y retrouver il faut un bagage préalable. Les rares sites cinéphiles et bien écrits sont noyés dans une toile opaque où la promotion et la manipulation avancent souvent masquées.

Entretien réalisé par Kenza Alaoui

Invitation hommage Latif Lahlou


Hommage à Latif Lahlou à Casablanaca


jeudi 4 juin 2015

mardi 2 juin 2015

Much loved...the day after

Le cinéma bouge les lignes


"j'ai vu le film dans des conditions de projection relativement correctes, dans une copie validée par son auteur mais je m'abstiens à dire ce que j'en pense ou à formuler un avis critique - quoique j'ai accumulé pas mal de notes- tant qu'elle n'est pas levée l'hypothèque qui pèse sur son devenir. Je ne partage pas en effet l'attitude de certains amis et collègues qui réservent leur position car ils ne sont pas convaincus par les choix esthétiques opérés par le cinéaste. ce n'est pas à l'intérieur du film que l'on doit trouver les arguments pour défendre son droit premier à exister. tous les films naissent égaux, notamment dans le droit à rencontrer leur public. Après...le bon Dieu reconnaîtra les siens..."

D’une polémique l’autre : l’affaire Jennifer Lopez va-t-elle éclipser l’autre affaire qui a emballé la toile, celle, non pas du film de Ayouch mais des extraits de films, consommés sans modération, sans vergogne et loin de toute déontologie (respecter au moins l’intégrité d’un film) ? Tout indique, en effet que l’on s’achemine vers un apaisement ; occasion pour les protagonistes de l’affaire d’opérer un état des lieux du paysage au lendemain de cette empoignade qui a atteint des degrés de violence inouïe. La séquence est close (momentanément ?) ; elle a été ouverte par la mise en ligne d’extraits du film. Elle a connu une clôture brutale par la décision ministérielle d’interdire la sortie du film au Maroc. Il s’agit maintenant de lire ce qui vient de se dérouler dans la perspective de tenter de lui trouver du sens. On peut en effet postuler d’emblée que le film de Ayouch avant même sa sortie a fonctionné comme un formidable révélateur de la société marocaine, ici et maintenant. Ses angoisses, ses contradictions et ses dysfonctionnements.  On est parti d’un événement cinématographique pour arriver à un phénomène de société qui restera longtemps dans les annales.
Pourquoi parler d’apaisement ? Il est nécessaire d’aller, je dirai même de militer dans ce sens car il y a péril dans la demeure. Des risques de dérapages non contrôlés pointent déjà à l’horizon. Lors d’une rencontre privée avec Nabil Ayouch, il développe aussi un raisonnement similaire. « Le plus important aujourd’hui pour moi est d’assurer la sécurité de mes collaborateurs qui sont agressés dans leur vie privée, reçoivent des menaces et sont harcelés ». Pour la suite à donner à la décision d’interdire son film, il dit que pour le moment il va réfléchir en attendant que les choses se calment, rappelant son attachement à voir le film sortir au Maroc « c’est pour mon premier public, Les Marocains que j’ai fait ce film ».  Il n’a pas exclu la possibilité de proposer le film à la commission de visas de sortie du CCM, « pour le moment je n’ai reçu aucune notification officielle de l’interdiction du film ; le communiqué du ministère n’ayant aucune valeur juridique. »
 Lors de cet entretien informel, il a précisé que les extraits mis en ligne sont le fait d’un concours de circonstances complétement indépendants de sa volonté ; « certains ont cru y dévoiler un coup de marketing de ma part, alors que je n’y suis absolument pour rien ». Les extraits en question étaient accessibles sur le site de la Quinzaine des réalisateurs, une des sections de Cannes où le film était sélectionné. C’est à partir de là que des fuites ont été organisées.   Il a rapporté aussi un cas de vol opéré dans sa société de production d’extraits de rushes et ont été présentés comme le film ; « je ne sais pas qui est derrière cela ; ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit de quelqu’un qui cherche à nuire au film. De toutes les façons, avec mon avocat, nous avons décidé de porter plainte ». Revenant sur le film lui-même, il reconnaît qu’il y a abordé le sujet d’une manière nouvelle « ce n’est pas comme dans mes autres films où il y a un point de départ et un récit qui tend vers un point d’arrivée. Much loved est écrit comme une chronique sociale basée sur un long travail d’enquête. Ce n’est pas un documentaire sur la prostitution au Maroc ; c’est des tranches de vie de quatre jeunes femmes acculées à vivre un calvaire permanent ».

La réception du film a été parasitée par l’emballement des réseaux sociaux. Ils ont été instrumentalisés au bénéfice d’une position liberticide. Cela vient confirmer des analyses qui ont décrit comment les nouveaux gadgets de la modernité sont devenus des outils d’action des ennemis de la modernité. Le contexte culturel et idéologique a d’ailleurs complétement changé.  « La bataille de Much moved » qui n’a pas livré tous ses épisodes, intervient en effet dans un contexte marqué par le tournant conservateur caractérisant notre société depuis les années 80. La caractéristique fondamentale, majeure étant la retraditionnalsiation des meurs, non seulement au Maroc mais dans l’ensemble des pays que Sophie Bessis appelle « l’arc arabo-musulman ». L’une de ses illustrations est le retour du bâton moral qui atteint l’ensemble de ce que la spécialiste du totalitarisme, Hannah Arendt, appelle « la sphère prépolitique » : la société civile qui avait porté en triomphe Nabil Ayouch au début des années 2000 avec le choc esthétique et politique engendré par son film Ali Zaoua et en a fait son emblème, a basculé de l’autre côté de la barricade. 

Albachado de Hassan Aourid

  L’intellectuel et le pouvoir ou la déception permanente ·          Mohammed Bakrim «  Avant d’être une histoire, le roman est une in...