dimanche 14 septembre 2014

Regain

Les ciné-clubs, le retour?
le jury Reggab

La fédération nationale des ciné-clubs vient d’organiser la sixième édition de son université d’été. Un rendez-vous qui a tenu globalement ses promesses et a répondu aux attentes de ses initiateurs, notamment le bureau fédéral fier de présenter un premier bilan chiffré avec le nombre de participants qui avoisinent la centaine représentants une trentaine de ciné-clubs. Une fierté toute légitime, car la FNCCM revient de loin. Créée en 1973, cette structure a forgé sa réputation  par son indépendance et par son dynamisme ; elle a connu ses années de gloire durant la décennie des années 70 pour voir son déclin entamé avec les années 80 « le moyen âge » de la culture…pour vraiment se contenter de végéter, vivoter les années suivantes. La crise était complexe. Elle était à la fois dans le sujet et dans l’objet. La fédération des ciné-clubs laminés par des querelles intestines n’avaient pas vu ou n’avait pas pu voir venir les métamorphoses qui ont touché son champ d’action.  A la fois en amont puisque l’économie du cinéma lui-même a imposé de nouvelles règles de circulation des films et en aval avec l’arrivée de l’ère de la consommation « domestique » des images. Le cinéma est passé de la sphère publique, lieu de prédilection du spectateur cinéphile et potentiel membre du ciné-club, à la sphère privée. Le cinéphile n’est plus ce citoyen impliqué dans sa ville, mais un individu soucieux de son confort « tribal ». Le Maroc était entré dans l’époque postmoderne, réticente à toute pensée globalisante et prétendant à la totalité. Caractéristiques majeures du discours cinéphile de la belle époque.
Aujourd’hui, après de laborieuses expériences qui ont permis – au mieux - de sauvegarder la structure, nous assistons à un regain (pour reprendre le titre d’un film de Marcel Pagnol, diffusé justement dans le cadre des ciné-clubs) d’activités et un dynamisme venant d’en haut principalement. Car à la base, la pratique des ciné-clubs est ramenée le plus souvent à l’organisation de rencontres épisodiques voire se contentant d’une manifestation cinématographique annuelle drainant quelques stars locales. Il est révolu le temps du rituel dominical de la séance hebdomadaire qui réunissait les adhérents, ponctuels, attentifs et désireux de découvrir le monde (et rêver de le changer) à travers son cinéma. D’où une conséquence majeure qui caractérise le paysage cinématographique, le repli de la culture cinéphilique, aucune structure n’étant venu combler le vide laissé par les ciné-clubs. C’est le déficit que tente de combler le bureau de la FNCCM en multipliant les rencontres thématique et surtout en annonçant son intention de faire de son université d’été son activité phare, son emblème.
La sixième édition a connu un succès certain malgré les aléas traditionnels de la logistique. C’est la première tache à laquelle il faut s’astreindre désormais : assurer des conditions de projection optimales pour les films programmés; l’éducation du regard inscrite dans les gênes d’un ciné-club passe par là ! C’est la condition sine qua none de la réussite d’une rencontre de cinéphiles. En outre, il nous semble que la programmation générale souffre d’une surcharge thématique…cela donne l’impression d’une véritable boulimie ; comme pour rattraper  le temps perdu. L’organisation d’un concours de courts métrages au sein de l’université crée une ambiance de compétition incompatible avec l’esprit d’une université d’été. Pourquoi ne pas consacrer au concours Reggab du court métrage, une plage propre dans le calendrier et préserver le caractère strictement cinéphile de l’université d’été. Cela aura des répercussions sur l’économie générale du programme : le master class et la table ronde avaient pâti du manque de temps. Lançons un débat à ce propos !

Aucun commentaire:

Albachado de Hassan Aourid

  L’intellectuel et le pouvoir ou la déception permanente ·          Mohammed Bakrim «  Avant d’être une histoire, le roman est une in...