mercredi 10 septembre 2014

Ma solidarité et ma sympathie à Najat et Munir

A la 77ème minute du match officiel, qualificatif pour l’Euro 2016, entre l’Espagne et la Macédoine, le jeune Munir Haddadi a fait son entrée sur la pelouse du stade de Valencia portant le maillot numéro 19 des couleurs de la Roja. C’était l’événement dans l’événement. L’Espagne a eu gain de cause deux fois. Elle a brillamment remporté le match en s’imposant par un score large (5-1) et elle a réussi à capter l’itinéraire du jeune prodige barcelonais en le connectant définitivement au destin de l’équipe espagnole. Le jeune Munir paraissait tout ému en enfilant son maillot et en écoutant les dernières consignes de son coach, le vétéran Del Bosque. Sa prestation relevait d’une simple formalité, il n’était pas franchement, ce soir là, attendu en termes techniques. D’ailleurs, il était entré dans une configuration tactique où il était en concurrence avec Silva et son collègue du Barça, Pedro.  L’enjeu véritable de son entrée en scène relevait de l’extra-footballistique. C’était le symbole qui était consacré. Un passage. Une inscription dans une nouvelle identité. Un choix qui en dit long sur les nouveaux rapports identitaires qui caractérisent le monde issu de la globalisation.  Munir était déjà espagnol ne l’oublions pas (il est né à Madrid) ; mais ce soir-là il a donné à cette appartenance une nouvelle légitimité inspirée de l’esprit du temps.
Face à cette image, ma réaction était mitigée. Double en fait. De la frustration certes, de ne pas voir ce joueur prometteur venir renforcer le nouvel élan des « vertd et rouges » mais de la fierté aussi car on continuera de dire à chaque prouesse de ce jouer talentueux, « Munir d’origine Marocaine ». Sur cette voie nous lui souhaitons tout le succès du monde ; qu’il devienne le Zidane des nouvelles générations. Il sera toujours quelque part marocain ; et cela rien ne lui enlèvera. Evitons donc les règlements de compte stupides et haineux ou les jugements hâtifs comme qui ceux qui évaluent son geste à l’aune du patriotisme. Il mérite tout le respect et l’estime qui siéent à sa valeur, à sa prestation et ses comportements futurs.
De l’autre de côté des Pyrénées, c’est une « Marocaine » cette fois qui déchaîne des réflexes quasiment haineux et belliqueux. C’est la ministre française, d’origine marocaine, de l’éducation nationale, Najat Belkacem. Elle a subi depuis na nomination une avalanche d’attaques, d’insultes, de  rumeurs… de nature sexiste, raciste, misogyne. On est allé jusqu’à falsifier des documents officiels de son département pour lui faire attribuer des positions que ne sont pas les siennes.
 « Elle est attaquée et injuriée sous divers angles : pour ce qu’elle pense, pour ce qu’elle a fait en tant que ministre des droits des femmes, pour ce qu’elle est, une jeune femme française d’origine marocaine. Sont ainsi visés ses idées, son action, son parcours, sa personne.
Nous tenons à affirmer notre entière solidarité avec Najat Vallaud Belkacem, conscientes qu’à travers elle, est aussi gravement mis en cause ce que doit être l’égalité républicaine, c’est-à-dire l’égalité entre les sexes, entre les origines, entre les personnes. »
C’est ce qu’on peut lire sur une pétition qui circule pour lui témoigner soutien et solidarité. Nous faisons nôtre cette démarche à l’égard de ces nouveaux symboles ; ils contribuent à réécrire autrement la logique d’appartenance à un territoire et expriment la dynamique identitaire qui forge, dans la douleur certes, la configuration d’un nouveau monde.
Mohammed Bakrim


Aucun commentaire:

Albachado de Hassan Aourid

  L’intellectuel et le pouvoir ou la déception permanente ·          Mohammed Bakrim «  Avant d’être une histoire, le roman est une in...