vendredi 17 juin 2016

Le silence de Mostafa Derkaoui

Le silence pour dire…la  détresse

Qu’est-ce qui peut réunir Touria Jabarne, Najat Atabou, Fatéma Loukili et Touria Hadraoui ? Seul un cinéma polyphonique, tel celui de Mostafa Derkaoui peut imaginer une telle combinaison, un tel « montage »   de figures artistiques et médiatiques, de  personnalités fortes et imposantes par leur charisme, leur prise de position et leur défense des valeurs humanistes. C’est le secret de ce casting inédit du film court métrage, Le silence, qui sera présenté dans la cadre de l’hommage à Mostafa Derkaoui à l’initiative de l’espace cadres du PPS à Casablanca. C’est un événement exceptionnel dans la mesure où le film n’est pas très connu, n’ayant pas bénéficié à l’époque d’une distribution particulière. Le silence est un court métrage qui représente un segment d’un long métrage collectif produit par le grand et sympathique producteur tunisien Ahmed Bahaedine Attia, Hmayed pour les intimes. Nous sommes au début des années 1990, le monde arabe vient d’être terrifié par les horreurs de la guerre du Golfe et l’invasion de l’Irak : les intellectuels et les artistes, notamment, sont abasourdis par les images de destruction qui ont renvoyé à l’âge de la pierre le pays qui a vu l’invention de l’écriture. Attia décide de faire quelque chose dans son domaine, le cinéma. Il choisit cinq cinéastes du monde arabe et leur donne carte blanche pour réagir à leur manière à la catastrophe qui s’est abattue sur cette région. Cela va donner, un long métrage, La guerre du Golfe…et après ? Où nous retrouvons des cinéastes, les plus doués de leur génération qui signent chacun un épisode : C’est Shéhérazade qu’on assassine de Nouri Bouzid (Tunisie) ; A la recherche de Saïma de Nejia Ben Mabrouk (Tunisie) ; Eclipse d’une nuit noire de Borhane Alaouié (Liban) ; Hommage par assassinat dElia Suleiman (Palestine) ; et du Maroc, c’est Mostafa Derkaoui qui participe avec Le Silence.

Pour les nouvelles générations qui vont le découvrir, ils auront un aperçu éloquent de la démarche du cinéaste : une écriture transversale qui convoque différentes formes d’expression avec comme élément déclencheur une quête. Ici aussi c’est une double quête, une équipe de film qui cherche à aller en Irak pour filmer le jour d’après et une journaliste qui mène une enquête sur la prostitution dans les milieux fréquentés par les riches du Golfe. Un emploi qui bouscule les codes du genre, on y découvre Najat Atabou dans ce qui est son meilleur rôle et puis des images qui crient la détresse, l’impuissance et la colère. 

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