dimanche 7 décembre 2014

le festival de Marrakech 2014

Le rêve parce que la vie continue


La ville ocre accueille aujourd’hui la 14ème édition du festival de Marrakech. Malgré un calendrier cinématographique international chargé et une rude concurrence entre plusieurs manifestations cinématographiques qui se bousculent en un laps de temps réduit, notamment dans notre sous-région,  le Caire à peine achevé, Carthage prend le relais et Dubaï démarre la semaine prochaine…le festival de Marrakech a réussi à honorer son contrat et établir une programmation prometteuse à travers ses principales rubriques.  A commencer par la sélection des films. Cette année, 87 films, venant de 22 nationalités, ont été retenus pour les différentes sections du festival à savoir la compétition officielle (15 films), Coup de cœur, hors compétition, les films des hommages et du pays invité. C’est un très bon chiffre qui donne au festival une dimension humaine loin de la boulimie qui caractérise certains festivals, Toronto, plus de 300 films au programme ; avec 87 films, Marrakech place la barre à un très bon niveau permettant à un critique sérieux ou un cinéphile assidu de visionner une bonne trentaine de films avec une moyenne de trois à quatre films par jour.
 Fidèle à une tradition qui s’est avérée avec la pratique comme fructueuse, le festival a sélectionné 13 films relevant de « première œuvre » dont huit en compétition officielle. C’est une tendance  qui marque désormais le festival de Marrakech, devenant une plate-forme de lancement de nouveaux talents : beaucoup de cinéastes ayant démarré à Marrakech ont confirmé par la suite, leur immense talent, la palestinien Hani Abou Assad (Star internationale avec ses  films Paradise Now et surtout  Omar),  le Libanais Ziad Doueri (Grand prix  à Marrakech avec L’Attentat). Des films de grande qualité sont également à l’affiche dans la section Coup de cœur dédiée notamment à des films marocains présentés en exclusivité à Marrakech mais aussi avec des films qui ne manqueront pas de susciter l’intérêt des festivaliers et des cinéphiles ; la section hors compétition est très riche cette année avec des films estampillés grand public dont certains sont candidats à l’Oscar.
Le pays invité cette année, le Japon est une véritable cerise sur le gâteau ; c’est une grande nation de cinéma qui sera présentée au public du festival à Marrakech avec une rétrospective donnant  un large aperçu sur la richesse et la vitalité de ce cinéma qui a donné au cinéma mondial de grands maîtres et de vrais chefs-d’œuvre. Nous aurons ainsi à (re) découvrir toute une panoplie qui va des classiques à la toute nouvelle génération : les maîtres historiques : Ozu, Mizogushi, Naruse, Akira Kurosawa, Shohei Imamura, et des représentants du cinéma d'aujourd'hui reconnu internationalement et incarné par Kore-eda, Kyioshi Kurosawa, Naomi Kawase, Nobu Sawara et Ryuishi Hiroki.
La composition du jury a toujours constitué un des points forts de Marrakech, cette année n’a pas dérogé à la règle avec une présidente qui est une grande dame du cinéma  mondial, la comédienne Isabelle Huppert ; star de l’écran qui allie charme, intelligence et regard malicieux sur le monde. Ses interviews de presse sont d’une grande consistance sémantique. Isabelle Huppert n’a jamais accepté de présider un festival en dehors de Cannes ; sa présence à la tête du jury  de Marrakech 2014 est une véritable première internationale. Elle est accompagnée de personnalités prestigieuses venant des quatre coins de la planète dont le marocain Moumen Smihi, le digne représentant du cinéma d’auteur marocaine et arabe.

Les autres rubriques phares du festival, les masterclass, la compétition Cinécole, les hommages à des personnalités marocaines et internationales contribuent à étoffer une programmation riche et diversifiée. Une programmation qui réussit un dosage pertinent entre les composantes qui forment l’identité du festival : un festival glamour, cinéphile, professionnel et citoyen. Citoyen car le festival de Marrakech initie des actions ouverte sur des populations ciblées comme les non-voyants contribuant ainsi doublement à la santé du regard et à son éducation. Il reste également sensible à son environnement et à ce qui marque l’actualité. En offrant une programmation de qualité, il contribue ainsi à maintenir le désir de rêve dans un environnement de plus en plus dur et complexe. Ses images de vie, d’amour, de tolérance… offrent un contre-champ optimiste aux images sinistres des différents JT. C’est en quelque sorte un patrimoine qu’il porte dans son code génétique ; n’est-il pas né un septembre 2001 quand l’horreur a fait irruption dans l’horizon. Sa première édition maintenue malgré les images de la tragédie a donné le ton. Claude  Lelouch en a rappelé la quintessence lorsqu’il a souligné déjà : « le Festival de Marrakech est très important surtout depuis que le cauchemar  a déclaré la guerre au rêve…Ici à Marrakech, le rêve gagnera la deuxième manche ». Aller à Marrakech aujourd’hui comme en 2001, c’est persister dans la défense de la vie et le droit au rêve…car, surtout, après la pluie, il y a le beau temps !

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